L'histoire de Blondie remonte à loin, bien avant l'apparition de l'étiquette disgracieuse "new-wave", avant même que les punks ne boutent le prog hors de l'Angleterre. Dès 1973, le guitariste Chris Stein rejoint les Stilettos, groupe à chanteuses multiples et y rencontre la blonde et provocante Debbie Harry avec qui, quelques coucheries aidant, il fonde deux ans plus tard Blondie (nommé ainsi d'après la manie qu'avaient les chauffeurs routiers d'apostropher la chanteuse : "Hey Blondie !"). Se greffent Clem Burke, Frank Infante, Jimmy Destri et Nigel Harrison, et peut alors commencer la success-story la plus vendeuse de la fin des seventies. Un premier album éponyme permet au groupe de mettre à plat ses bases, même si le succès n'est pas franchement au rendez-vous. Le hit "Denis" (2ème dans les charts chez les biftecks) amorce ensuite leur route vers la gloire. Une rencontre primordiale plus tard (Mike Chapman, leur nouveau producteur), la machine Blondie est lancée droit vers le ciel.
Au-delà de l'aspect commercial bien connu et du hit disco-pop "Heart Of Glass", Blondie était depuis 1976 un précurseur de l'esthétique des cinq années à venir, si l'on considère de manière très simpliste que la new-wave est entre autres la remise au goût du jour des années 50-60's sous un visage corrompu et ironique. Et si Blondie ne bénéficie pas de la mention "Arty" qui rendirent si cool le Curriculum Vitae des Talking Heads ou Gang Of Four à la même époque, la sensibilité pop très prononcée et la blondeur insolente de l'égérie Debbie Harry sert bien le groupe sinon du côté des critiques au moins auprès du grand public.
La route était tracée pour le sextet qui ne pouvait manquer son coup. Et il fit bien mieux que ça, il parvint à atteindre le sommet musical et commercial de sa longue carrière (reformation tardive comprise) avec pas moins de six singles extraits sur douze morceaux dont l'immense "Heart of Glass" qui fit le tour du monde, fourni avec son intro et son clip, tous deux entrés dans le mythe depuis. La voix adulte de Harry s'octroie facilement la moitié du boulot ; à 33 ans la chanteuse fait preuve d'une maturité vocale confondante, lui permettant d'étendre son spectre vocal à tous les styles. Grognant et feulant sur l'énergique "One Way Or Another", posée et rêveuse sur "Fade Away And Radiate" (sur lequel l'inévitable Fripp vient poser sa griffe inspirée), soupirante sur "Pretty Baby" (décrivant l'homme parfait de mademoiselle Harry, bien éloigné du standard macho-rock), niaiseuse sur "Heart Of Glass", l'amie Debbie montre sans gêne son talent à tous les passants.
Disco, Hard-Rock, Punk, Pop, Ballade, ensemble hétéroclite de ces styles qui, une fois cuisinés suivant la recette Blondie s'intègrent parfaitement les uns à la suite des autres pour former Parallel Lines qui, 20 millions d'exemplaires vendus plus tard, continue d'étonner et de séduire par sa justesse, son efficacité et surtout son énergie (n'a-t-on pas parfois qualifié le combo de "power" pop ?).
Oh et puis je peux bien te l'avouer à toi, lecteur, je suis tombé amoureux de Deborah, sa corde vocale m'a décoché une flèche en plein coeur. Dans mon Coeur de Verre.