Le 615e numéro de Rock and Folk mettait à l’honneur Parcels, à l’occasion de la sortie de leur premier album éponyme. Le moment était trop opportun, le magazine livre à cet égard une croustillante interview des cinq Australiens. A la question fatidique de la définition de leur style musical, Olivier Cachin fait remarquer les résultats mentionnés par le biblique Wikipédia : Parcels répondrait aux attraits d’une mystérieuse chill wave. Les musiciens peinent eux-mêmes à mettre des mots sur ce style apparemment en pleine ascension. Péremptoire, le guitariste Jules Crommelin n’y va pas de main morte : « C’est de la connerie, on est si loin de ça ! », ce à quoi répond le chanteur et multi-instrumentiste Patrick Hetherington : « D’ailleurs c’est quoi la chill wave ? ». Touché. Le frontman enfonce finalement le clou d’une réponse cinglante : « S’il faut vraiment nous mettre dans une catégorie, je crois qu’on est un groupe pop. Ça veut tout dire. ». Coulé.
Quoi de plus pop, en effet, que de se placer à la jonction entre les Beach Boys et les Beatles ? Natifs de Byron Bay, ville de l’Est australien aux longues plages voluptueuses, le quintet s’envole pour l’Allemagne. Là, leurs cheveux blonds et longs ne laissent aucun doute quant à leur goût pour la culture surf, et le soft rock qui va avec. A l’instar des jeunes de Liverpool, le groupe joue 6 heures par jour. Et quand ils se produisent pour la première fois à Paris, en 2016, des générations rentrent en collision. Les Daft Punk sont dans la salle, et l’alchimie opère dans une collusion des temps : « Overnight » paraît l’année suivante sous l’égide des deux casqués, et propulse le groupe. Parcels est à l’image du cocktail concocté : détonnant et généreusement lascif.
Délicieusement ciselés, les morceaux sont enveloppés d’une sonorité caractéristique de l’identité de quintet. Ce sont de petites sucreries, alliant disco, funk et balade surf. D’une main de maître, Parcels répand une légèreté naturelle et élégante. L’humeur radieuse des cocottes des 6-cordes essaime une admirable impression. En parallèle, la section rythmique, assurant un groove circonspect, arrondit goulûment les contours de productions léchées. Sans jamais en faire trop, Parcels convainc. Plus profondément, la qualité de l’écriture est réelle, et le groupe esquive les pièges d’un style qui peut rapidement se claquemurer. Rien de tout ça au sein de la musique de Parcels, dans laquelle on reconnaît des bribes de Phoenix, d’Air, de Bee Gees ou de Metronomy savamment appropriées.
Néanmoins, si les Australiens n’exagèrent pas dans la composition et l’orchestration de leurs morceaux, il faut reconnaître la dimension orthodoxe d’un album qui ne sort, globalement, pas des clous. Les Parcels, s’ils réconcilient avec panache un style débordant de clichés à son sujet, n’innovent que peu et ne s’aventurent pas hors des sentiers battus de la plage. La prudence semble être de mise, le confort de rigueur, mais ce qui paraît être de la pudeur n’altère en rien la qualité de l’album. Ainsi faut-il se contenter tout d’abord de danser et de s’enivrer avant, espérons-le, d’explorer un champ de possible avec les Parcels. Loin d’avoir froid aux yeux, ils ont déjà traversé le monde et les époques (la pochette du LP en témoigne). Pourquoi ne pas aller encore plus loin ? See you soon guys !