La Mano fait partie de ces sommets mélomanes qui ont fait mon adolescence. Ecouter aujourd'hui la Mano fait surgir tout de go des tonnes de bons et grands souvenirs de lycée, les années Mitterrand, la gauche au pouvoir et la fête de la musique, une sorte de trépidation créative qui s'est assoupie avec les années Chirac et les suivantes peut-être encore plus endormies. Le réflexe nostalgique du "c'était mieux avant" me suggère malicieusement d'écrire ces illusoires considérations, m'enfin, cela fait partie du jeu : le regard vers le passé est souvent déformé. J'essaie tant bien que mal de ne pas être dupe, parfois c'est dur.
De ces années "Mano", j'ai beaucoup de mal à dissocier "Patchanka" de Puta's fever. Je serais bien infoutu d'en choisir un meilleur que l'autre.
Patchanka n'a même pas l'attrait de la nouveauté car la force de ce groupe réside dans sa capacité de renouvellement perpétuel, son aptitude à créer de l'inédit, non pas seulement d'un album à l'autre mais également de chanson en chanson. C'est aussi l'avantage de mêler toutes ces musiques du monde. Quand la world music embrasse à pleine bouche le rock alternatif. La Mano produit une musique franco latino arabo anglophone, colorée, pétillante, belle et rieuse.