La dernière fois que l'on avait entendu parler de Mellow, c'était à l'occasion d'une BO de film, "CQ", un exercice de style (faire comme si on était en 1969), anecdotique sans doute mais qui nous en apprenait beaucoup sur cet atypique duo français. L'admiration que Mellow portait à Pink Floyd nous sautait au visage, rappelant de ce fait un autre duo Air. Les premiers avaient scoré pour Roman Coppola, les seconds pour la grande Sofia…comme par hasard. Et si Mellow était moins connu que Air peut-être était-ce seulement parce qu'ils n'avaient pas pondu leur Sexy Boy ou n'avaient pas saturé le marché de la peluche d'un petit singe rigolo. Ce nouvel album arrive sans doute à point nommé pour ramener Mellow dans le giron de nos groupes importants. Là, ce qui frappe c'est encore un son, une recherche formelle issue de cette fin des années 60, début années 70 qui nourrit une écriture pop impeccable. En cela, Perfect colors est un album ambitieux où tout semble avoir été pensé. La musique ne va jamais à la facilité, mêle l'électronique vintage à des violons, une flûte traversière ( par Ben Symphonic Orchestra ) et devient en cela décalé par rapport à l'humeur du moment .Tout débute par un morceau-titre majestueux, qui met d'emblée la barre haut. Il y aura d'autres moments forts comme Love ain't the answer qui propose un collage périlleux et moderne entre son big beat, slide guitare et ballade pink floydienne. Ou bien Out of Reach où le sage duo se lache sur un titre débridé à la Primal Scream. Ou encore sur l'électro-pop Fantastic, plus sûr single, à la roublardise d'un Talking Heads. Là, on se dit que Mellow peut enfin décrocher la timbale. Mais c'est avec des titres comme Goodbye ou Drifting out of sight que Perfect colours devient carrément une des priorités de ce début d'année : le duo prouve qu'il peut mettre un peu de côté ses synthés vintages et composer une ballade bucolique aussi belle qu'un titre de Mojave 3 ou de Syd Matters. Mellow , le fond et la forme.