Ce nouvel album de Panda Bear (membre d'Animal Collective) est à lier avec le précédent, Young prayer déchirant poème d'amour borderline que Noah Lennox avait écrit à son père défunt. L'ambiance était alors recluse. Depuis, le temps a fait son oeuvre et Panda Bear s'éveille à nouveau à la vie. Tout ce Person pitch semble dopé à un fluide positif rendant son auteur un peu béat (à moins que ce ne soit certaines pilules évoquées sur Take pills). Lennox est un mystique, on le savait déjà. Il l'est aujourd'hui encore plus et pourrait faire de Polyphonic Spree pour de simples porteurs de toge. L'Américain exilé à Lisbonne est un vrai descendant du flower power des années 60. Il est aussi amateur d'arrangements bucoliques héritées de The Incredible String band ou d'harmonie vocale à la Beach Boys qui éclaire aisément chaque mélodie. Les titres de Person itch, particulièrement long pour certains, accumulent les épaisseurs tout en restant d'une légèreté incroyable.
Lennox travaille ses mélodies mais expérimente aussi des sons, des instruments world (tambourin, talking drum, steel drum...), retravaille ses bandes pour en faire des boucles, en met d'autres à l'envers. Il peut partir d'un simple accord de guitare répété sur 12' et par ce jeu de strates créer un monde onirique (Bros). Ou s'en aller chercher en Afrique (avec voix idoine) une nouvelle façon d'être en communion avec le rythme de la musique (Good girls/Carrots). Comme ses prédécesseurs, 40 ans plus tôt, Panda Bear a définitivement ouvert ses chackras sur le monde. Dur dès lors de ne pas partir dans un trip de danse shamanique, sandalette au pied ou de rester scotcher à regarder les étoiles (I'm not). Le bonhomme foutraquement génial prend le luxe de partir sur la pointe des pieds avec une petite et jolie balade à la naïveté désarmante avec guitare et voix réverbérée, en prise directe avec sa chambre. Au final, on peut se poser la question : créerait-il sans le savoir son Panda Sounds à lui ?