En ce début de décennie 1970, David Bowie enchaîne les succès, notamment Ziggy Stardust puis Alladin Sane en 1973. Cette même année verra l'anglais tuer son personnage de Ziggy Stardust sur scène, puis s'enfermer dans un château français pour y enregistrer Pin Ups, un album de reprise hommage à la période dorée du Swinging London.
Par la même occasion, il dira plus ou moins adieu à sa période glam, une offense de plus pour les fans qui, en plus, lui reprocheront de faire un album de reprise, évoquant de la fainéantise pour l'auteur de Young Americans. Pourtant, il livre-là ce que je considère comme l'un de ses sommets, et même son meilleur album derrière l'intouchable Ziggy Stardust. Il ne se contente pas de reprendre des chansons de l'âge d'or de la musique britannique, mais il les sublime tout simplement, aucune fausse note n'est à détecter et le choix des chansons approche la perfection, allant des Who au Pink Floyd en passant par les Kinks ou bien des artistes plus méconnus comme Billy Boy Arnold ou les Easybeats (groupe de George Young, frère d'Angus et Malcolm). Ce n'est pas la première fois que Bowie rend hommage à cette période, il avait déjà repris le remarquable Let's Spend the Night Together des Stones dans Aladdin Sane, et reprendra, entre autres, les Beatles par la suite.
Je dois même le reconnaître, certaines de ses reprises dépassent les versions d'origine, à l'image d'Anyway, Anyhow, Anywhere et I Can't Explain des Who (Pete Townsend en voulait d'ailleurs à Bowie d'avoir utilisé ses chansons, évoquant un recul pour la musique), deux titres bien rocks et énergétiques, avec de formidables arrangements, notamment la guitare de Mick Ronson et les coups de batteries de Aynsley Dunbar. De toute façon, l'ensemble de Pin Ups bénéficie de musiciens hors pair (à noter aussi les diverses envolées de saxophone, signées Ken Fordham) sachant utiliser leur virtuosité pour servir le groupe, jouant alors en parfaite osmose. On retrouve d'ailleurs les membres du groupe Spiders From Mars, qui ont participé aux fameuses récentes tournées de Bowie, montrant, à nouveau, tout leur talent ici. On constate ici que l'album est vraiment rock, très peu de place pour les ballades ou le glam, Bowie puise vraiment dans l'énergie dégagée par le jeune groupe britannique du milieu des années 1960, mais à sa propre façon et bien souvent pour le meilleur...
Les autres reprises se révèlent tout aussi réussies, surtout que Bowie n'hésite pas à varier par rapport aux versions d'origines, à l'image des deux reprises des Yardbirds, I Wish You Would et Shapes Of Things, deux chansons bien rock où Ronson brille de mille feux. Moins psychédélique que l'original, See Emily Play est l'une des autres grandes réussites de cet album, tout comme Rosalyn, Friday On My Mind ou encore le génial Here Comes The Night, initialement de Them. Bref, rien est à jeter et Bowie offre là ce qu'il sait faire de mieux. Remarquons que dans l'édition CD on trouve deux autres reprises, l'une plutôt réussie de Springsteen (avec l'apport de Ron Wood à la guitare) ainsi qu'une version anglaise d'Amsterdam de Brel, largement inférieur à l'original cette fois-ci.
Après avoir enchaîné les succès au début des années 1970, David Bowie prend le risque de tuer son emblématique personnage de Ziggy Stardust pour de s'enfermer pour enregistrer un remarquable album de reprise, l'un des meilleurs du genre et un peu trop sous-estimé.
Tracklist :
FACE A
Rosalyn
Here Comes The Night
I Wish You Would
See Emily Play
Everything's Alright
I Can't Explain
FACE B
Friday On My Mind
Sorrow
Don't Bring Me Down
Shapes Of Things
Anyway, Anyhow, Anywhere
Where Have All The Good Times Gone
Bonus :
Growin' Up
Amsterdam