Teresa Iturrioz et Ibon Errazkin resteront jamais présents au Panthéon de la pop pour avoir créer Le Mans. Après 5 ans d'existence et 3 albums, le groupe espagnol a splitté accédant au statut d'artiste culte. C'était en 98 et depuis, Tereza a formé son projet solo, Single, toujours aidé par le fidèle Ibon (ici musicien et producteur). Véritable premier album, Pio Pio montre bien tout le chemin parcouru depuis Le Mans et ses miniatures pop orchestrales. C’est vrai, Llevame a dormir mettra du baume au coeur aux nostalgiques. Vete ou Costilla de Adan pourra être perçu comme une version solaire à la mélancolie initiale de Le Mans. Single a toujours ce même plaisir à accumuler les instruments et les niveaux de lecture ; il a vu la nécessité de moderniser leur ornière naturellement acoustique (Ven, ven, ven, ou su recuerdo adoptent volontiers programmations et samples). Jusque là, on suit l’évolution sans problème, avec un certain plaisir même. Mais pour le reste, Single propose une musique extrêmement ouverte à tous les styles. C'est vrai que depuis les années 90, Wu Tang Clan est devenu une référence absolue du hip hop ; l'électro-pop minimaliste a acquis ses lettres de noblesse ; la world s'immisce partout. De tout cela, Single a décidé parfois de tout mêler, allant jusqu'à faire de Honey, son premier single...ragga. Et la délicieuse Tereza, sorte de Claudine Longet d'aujourd'hui rappelons-le, s'essaye ça et là… au rap. Pio Pio est un album aux idées larges, original mais perdant parfois, voire souvent, le charme et la beauté pure et sans fard de Tereza et de sa qualité d’écriture. Peut-être le souvenir trop présent de Le Mans parasite le jugement mais cette partie de l’album est finalement plus perçue comme une dérive gloubi-boulgaesque que comme une valeur ajoutée.
Petite déception.