Plastic Beach c'est un album que j'ai beaucoup boudé, faut dire qu'après le premier et le deuxième album du groupe virtuel ça désarçonne sec. Il faut bien comprendre que Gorillaz, c'est pas le bébé de Albarn, c'est la poupée Barbie en plastique qu'il habille un peu comme il veut au gré de ses humeurs. Et Plastic Beach prend un tournant franc qui montre bien ça, puisque dans un soucis de "plastifier" le son de son groupe, il a décidé de porter ce changement jusqu'à la mythologie de ce dernier en virant un des 4 membres imaginaires, son instrument étant remplacé par des boîtes à rythme. Et quand j'étais ado (et donc con), bah la musique électronique, la musique faite avec des machines, bah "c'était pas de la vraie musique car c'est pas des vrais instruments". Sombre fils de capote trouée que j'étais.
Le fait est que ce Plastic Beach je l'ai rejeté pendant des années comme le pire album de Gorillaz, une honte. Mais bon, en grandissant les goûts changent, et on se rend compte que nos avis construits par la jeunesse découlent d'une logique souvent douteuses plutôt que d'une véritable raison d'aimer ou de haïr. Et Plastic Beach fait partie de ces albums que j'ai reconsidéré très positivement. Une fois passé le cap du changement de style, finalement habituel avec Gorillaz, bah c'est plutôt solide, et j'oserai même dire plus en affirmant que c'est peut-être le meilleur album du groupe finalement. Gorillaz c'est un groupe qui sait explorer différents horizons tout en gardant un certain fil, et c'est sur Plastic Beach que ce fil est davantage tenu. Peut-être un effet secondaire du côté narratif plus poussé qu'a pris l'histoire du groupe à cette période.
Quoi qu'il en soit, il reste de cet album une ambiance héritée du modernisme, avec une part belle aux sons artificiels à chaque nouvelle chansons, une ode au strass et aux paillettes, telle une lettre d'amour un peu cynique à la société de consommation inspirante, mais où pourtant se glisse des émotions qui, elles, sont tout à fait humaine. Car entre ces instants de folie synthétique comme White Flag, Superfast Jellyfish ou Glitter Freeze, l'album arrive à développer de vrais instant de grâce, dont Empire Ants est sans doute le meilleur exemple, et peut-être la meilleure composition du groupe par la même occasion
Alors peut-être que des fois ça se prend les pieds dans le côté pop, comme avec Melancholy Hill que certains trouveront un peu mièvre, mais globalement Plastic Beach est un album qui a de beaux arguments à proposer et une esthétique assumée jusqu'au bout. Manquerait peut-être juste une fin en apothéose comme l'avaient sur Demon Days le couple de chanson final, mais à part ça je n'ai rien de plus à dire que des excuses pour l'avoir lynché injustement.