Cet album est le cinquième de la carrière de Mike Oldfield, qui passa de l’anonymat à la célébrité à l’âge de 20 ans avec Tubular Bells dont un thème fit le tour du monde avec le film L’exorciste. Un premier album qui le plaçait sans l’ombre d’un doute du côté des autodidactes (très doués) de la musique synthétique à tendance progressive voire symphonique (expression utilisée : rock symphonique).
Avec Platinum Mike Oldfield amorce un virage vers une musique qu’on pourrait qualifier de plus commerciale, étiquetée assez naturellement pop-rock. Étrangement, le plus grand succès du musicien britannique, reste de très loin Tubular bells ce qui incite à penser que, pour le public comme pour la critique, Mike Oldfield (vieux champ) avait définitivement été catalogué avec son premier album. A partir de là, comment s’étonner des publications successives de Tubular bells II puis Tubular bells III ?
Avec Platinum Mike Oldfield montre qu’il peut proposer une musique plus immédiatement accessible que dans ses précédents albums, sans pour autant se compromettre. Toute sa personnalité et son talent sont ici présents, sa guitare, son côté homme-orchestre (il joue de multiples instruments), la musique électronique bien-sûr, son batteur préféré (Pierre Moerlen) et un clin d’œil à son œuvre fétiche avec quelques sons de cloche.
Pourtant, l’évolution est réelle, avec des titres plus courts que ceux auxquels il nous avait habitués, même si la plupart s’enchainent sans transition. Et puis, l’album n’est pas purement instrumental, même si Mike Oldfield retarde le moment de placer quelques paroles compréhensibles (onomatopées, son marquant le rythme, chœurs), il y vient inéluctablement, avec un résultat extrêmement agréable. L’auditeur qui connaît un peu le musicien sent que son inspiration est en ébullition. Peu, très peu de moments où on attend que la mélodie s’installe par vagues successives (le côté parfois agaçant de la musique électro), Mike Oldfield montre qu’il a le rythme dans le sang. Voilà, ça fuse dans tous les sens et l’auditeur est emporté par un tourbillon de mélodies toutes plus entrainantes les unes que les autres, sur des rythmes variés. Alors, bien sûr, la batterie est beaucoup plus présente que dans les albums précédents et l’auditeur peut être déconcerté par l’évolution d’un artiste catalogué. N’empêche, voilà un album trop méconnu par rapport à son pouvoir de séduction. S’il ne brille pas d’or, le platine (dense, malléable, ductile, rare et précieux, métal noble et résistant à la corrosion) lui convient très bien.