C'est bien beau de sortir des albums ambitieux qui réinventent son propre style mais il y aura toujours des fans pour courir après un style originel à coups de « c'était mieux avant ». Depeche Mode ont du les entendre ces fans car avec Playing the Angel, la formation propose clairement un retour aux sources. Leur nouveau producteur Ben Hillier (ayant déjà bossé entre autres avec Blur ou Elbow) les pousse d'ailleurs dans cette direction en ramenant dans sa besace une trentaine de machines analogiques vintages. Vous le vouliez ce bon vieux son 80 ? Et bien vous ne l'aurez pas totalement, puisque synthés et boîte à rythmes passeront par un tas de rack d'effets, rendant les sons plus particuliers, plus indus.
Si l'on pouvait déplorer une absence de tubes remarquables depuis quelques années, Depeche Mode reviennent ici en force avec « Precious » qui rentrera dans les charts un peu partout, dans la continuité de ce que l'on pouvait entendre sur Violator. Bien trop classique pour moi, je me suis plutôt tourné sur les autres singles comme le blues électronique « John the Revelator » qui pousse à l'illumination à chaque fois que le titre est prononcé en chœur. J'ai surtout été pris de court par « A Pain That I’m Used to » qui ouvre ce Playing the Angel, avec un son strident tranchant si radicalement avec la douce quiétude d’Exciter qu'il me laissait présager d'un album violent particulièrement excitant. Mauvaise prédiction, ce n'est pas tout à fait ça.
Dave Gahan co-écrit ici ses premiers titres – “Suffer Well” , “I Want It All” et “Nothing’s Impossible” - qui ne m'ont pas touché plus que ça mais ne dénotent pas du tout. Le problème, qui se sentira plus sur les albums suivants, est d'arriver avec des ensembles de morceaux moins marqués par leur cohérences (comme l'avaient pu l'être ceux d’Ultra ou d’Exciter). J'ai donc un peu plus de mal à vous expliquer ici, pourquoi Playing the Angel se démarque des autres albums de Depeche Mode. Peut-être justement parce qu'il est moins surprenant que ce à quoi ils nous avaient habitué.
Rien qu'au niveau des thèmes, nous sommes dans la continuité de ceux de Songs of Faith & Devotion ; critiques de la religion, recherche de son propre Dieu, sa propre spiritualité… On retrouve aussi des manières de composer qui leurs sont propres, comme ces descentes de gammes sur les mélodies (« The Sinner in Me » en est l'exemple le plus frappant), comme si l'ange qu'ils jouaient était déchu… ce qui n'est pas une critique, j'aime l'atmosphère mystérieuse que ça confère à leurs morceaux, surtout qu'ils ne se privent d'aucunes bizarreries sonores. Au final, l'ambiance qui se dégage est plus paranormale que mystique, un peu comme si l'ange rencontré s'avérait être un alien, dans un épisode de “X-Files” réalisé par Lynch.
Playing the Angel est l'énième tournant dans la carrière de Depeche Mode, la transition vers des albums qui ne seront plus une expérience totale dans un univers différent mais une collection de titres plus ou moins réussis dans l'univers du groupe. Dans cet entre-deux, cette onzième galette tire encore son épingle du jeu. Elle renoue qui plus est des liens avec le public grâce à son succès ainsi qu'avec un tas de nouveaux fans fraîchement débarqués. Que demander de plus ? Nous sommes face à un bon album.
Strangeman57
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le 2 mars 2018

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Strangeman57

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