Il s’agit là d'un monde de fortes personnalités. Tout d’abord, il y a The Residents né au milieu des années 70 et chantre de l’expérimentation post-punk et No wave. Ce groupe culte californien voit 13 de ses titres faire aujourd’hui l’objet d’une relecture. Ensuite il y a Narcophony, ceux qui s’attaquent justement à ces fameuses reprises. Le groupe est emmené par Eric Aldea (Deity Guns, Bastard) et Ivan Chiossone et assisté notamment de Christiane Ott, la spécialiste française des Ondes Martenot (un des ancêtres du synthétiseur, faut-il le rappeler). Bon tout cela n’est pas très pop, forcément, mais ne se révèle pas si ardu que ça si on accepte de se laisser porter. Ce troisième album de Narcophony voit surtout le duo diversifier ses terrains de jeux.
Le grenier de Pascal Comelade, le jardin aride de The Silver Mt Zion (Hello Skinny, Ship going down magnifiquement portés par une voix plaintive), la salle de concert du Kronos Quartet ou différents laboratoires celui de Pink Floyd, celui de Matmos. Un simple son répétitif peut engendrer un saut de géant vers le bayou ou un retour express en Afghanistan (théâtre du précédent album du duo). Narcophony propose un vibrant (au sens propre et figuré) hommage aux Residents, en substituant sa propre avant-garde à celle des Californiens.