Du mystère, de l'audace & Miami.
Il fut un temps qui me paraît bien lointain, ou l'on osait encore porter des suites Waikiki, on chantait le seul hit de Coolio, on s'échangeait des pokémon avec notre Game Boy & Footix était le président du swagg à la Française.
A cette époque on connaissait même un U2 qui osait tenter des idées neuves ( Si, si, dans les 90's tout était possible ), bousculer les carcans habituels et même partir dans une direction brisant son esprit d'origine.
Cela surprends toujours quand j'évoque cela à mon entourage qui pour la plupart ne connaissent le groupe que par l'intermédiaire des diffusions des médias mainstream. Beaucoup d'ailleurs on naturellement une réaction de répulsion instinctive lorsque je commence à fleurter avec le nom Bono.
Ce que je peux tout à fait concevoir car une bonne majorité d'entre nous ayant étés matraqué par les mêmes singles sur les ondes radios jusqu'à l’écœurement le plus total, le rejet de nos cher nos chers Irlandais parait donc évident. Cependant ce qu'il faut comprendre c'est que la plupart de ces hits ne sont que très peu représentatifs du travail effectué par le groupe dans les années 90's. C'est d'ailleurs très démonstratif d'un monde médiatique ne reflétant constamment qu'une infime partie de ce qu'il présente, de son obsession a couper court, à simplifier ce qu'il choisit de nous montrer mais aussi d'amenuir notre sens critique.
Bon j'arrête de barrer en live, revenons sur l'affaire U2, la génération 90's fut donc un temps pendant lequel le groupe opta pour un virage créatif plutôt osé qui sera symbolisé par le tryptique : Achtung Baby/Zooropa/Pop. Les Irlandais étaient parties chercher de nouvelles sonorités et avait trouvé un guide pour cela en la personne de Brian Eno qui les propulsa en grâce vers ce nouveau virage. Les musiciens avaient des idées qui germaient de toutes parts. La tournée culte : Zoo TV, show musicale à l'ambition complètement démesuré, démontra vivement cette somme de créativité nouvelle notamment avec sa critique du monde médiatique plutôt osée pour un groupe de cet envergure, le tout étant mélangé avec un trip mégalomaniaque totalement assumé, au sein duquel Bono jouait à se créer de multiples personnages. Après tout n'était pas rose lors de cette période d'ailleurs Zooropa est pour ma part un album très médiocre, mais je préfère mille fois un groupe qui avance, essaie, prends des risques et quand on prends des risque c'est normal de trébucher à un moment. Enfin Fuck it, c'est tellement plus excitant que de rester à surfer sur ses acquis.
En quelques sortes Pop fut le chant du cygne à la gloire du culot, juste avant que le groupe retombe dans un consensualisme et une redite d'une fadeur sans précédent qui semble malheureusement voué à durer jusqu'à la fin de leur carrière.
Le paris d'un album aux accents électro est donc lancé fin 90's mais Pop sera malheureusement un album fait dans la douleur : Les musiciens ont du précipiter leur affaire en vue d'une future tournée prévue trop à l'avance. Ainsi ils n'ont pas pu le concrétiser de la manière dont ils le souhaitaient.
Ceci-dit j'ai tendance à croire que cela lui confère un certain charme de l'occulte mais surtout lui donne cette part d' instinctivité et de rendu brut qui manquent tellement habituellement à ce groupe. Car j'ai souvent trouvé que le soucis de U2 était le fait de toujours vouloir rendre un produit absolument trop léché dans son emballage final, à tel point qu'il en perde toute humanité.
Le seul regret final est que le paris initial n'a pas été réellement respecté, car si on trouve quelques rafales électro tels que Discotheque ou Mofo, Pop retombe rapidement dans le traditionnel voir le mielleux avec notamment son pompeux "Staring At The Sun".
On sent que les musiciens avaient un peu peur de se brûler les ailes dans leur grande ascension. Si d'habitude je râlerai, je pesterai contre le fait de ne pas avoir été au bout de ses convictions, ici je ne sais pas réellement pourquoi mais l'album tiens la route. Il en est même plutôt homogène c'est très difficile à expliquer mais lors de son écoute on ressent une atmosphère, une emprunte, une ambiance globale qui fonctionne.
Parfois il y'a des choses qui tiennent du miracle et cette galette en fait parti. Comme je le disait précédemment c'est un peu le fait que le mystère soit omniprésent qui fait la force de cet opus.
Donc quand je vois U2 renier un album aussi ambitieux à tel point de ne même plus jouer ses chansons en live, j'ai tout simplement envie de pleurer.
Car Pop est complet et réussi, et il peut surtout se vanter d'avoir une patte réellement singulière dans le paysage rock des années 90. Une sorte de mélange chimique unique entre textes mélancoliques, riffs électro et recherche de sonorités constante.
Avant de vous quitter je voudrais juste vous parler d'un titre en particulier : Miami.
Ce morceau a dans sa définition audacieusement minimaliste quelque chose d'attractif : Sa rythmique qui tourne en boucle jusqu'à vous hypnotiser, la voix tremblante de Bono, les synthés teintant légèrement l'atmosphère lui conférant une nappe de fumée sombre. J'en ressens un parallèle avec le rythme de la vie, l'ensemble avance sans qu'on l'on puisse le freiner étant déchiré que par quelques assauts de guitares distorsionnées succinct plein de rage nous délivrant de cette terrible frustration de notre avancée monotone. Cette chanson est un de ces paris musicaux que j'aime tellement voir dans des groupes d'un tel standing, il y'a un vrai parti-pris ambitieux.
Si j'ai choisi "Miami" c'est que des pépites telles que celle-ci, c'est triste à dire mais c'est le genre de choses que l'on n'est pas près de revoir.
Finalement je crois que ce qui est le plus déprimant avec Pop, c'est de s'imaginer ce que l'on aurait pu avoir ensuite.