En enfer, personne ne vous entendra hurler... The Cure oui.
Contrairement aux deux précédents albums, Pornography ne nous laisse pas le temps de nous habituer à son atmosphère glaciale. Il ne nous invite pas au voyage, il nous arrive comme un énorme coup de fouet en plein visage. On crache du sang noir en suppliant quelqu'un de nous aider. On agonise. Mais seul les bourreaux de ces lieux peuvent nous sortir de la, le groupe lui même.
One hundred years, premier morceau de l'album, impitoyable et torturé, ne nous brutalise pas simplement, il nous ébranle comme une merde impuissante. Basse et batterie hypnotiques, guitare tourmentée, voix du chanteur complétement illuminée. C'est ahurissant de maitrise.
A short time effect continue de nous martyriser, et alors... on commence à aimer ça. On est fasciné par cette violence, ce vide, ce désespoir, rien n'est plus beau à ce moment la. The Cure n'a jamais été aussi palpable que lors d'un titre comme Siamese Twins, pur chef-d'œuvre aux côtés de The Figurehead. Les rythmes sont primaires, la musique plaintive et profonde, les textes beaux à pleurer, la voix de Smith inébranlable.
Strange Days est la lueur douce de l'album, mais ne parvient pas à nous extirper d'un si parfait cauchemar, qu'on veut pouvoir continuer. Belle mais dangereuse, c'est une chanson qui nous rassurera l'espace d'un instant avant le passage dans les méandres glaciales et diaboliques de Cold. Il semblerait que la mort soit extrêmement proche dans ce titre ou l'on peut entendre des cristaux de glace nous geler le corps. Brrrrrrrrr...
Pornography en conclusion, nous fait l'effet d'une mort presque inévitable, on goûte alors au son du carnage, noyé dans les voix infernales et incompréhensibles de nos démons intérieurs. On souffre énormément mais on sait par rapport aux paroles de la fin de la chanson que l'on doit combattre cette maladie, trouver un remède...
Consécration ultime d'un groupe qui s'est transcendé artistiquement, Pornography est un joyau maléfique et sacré dans la carrière du groupe. On a pas le droit de passer à côté ou d'en avoir peur si l'on veut écouter, si l'on veut aimer The Cure.