Pounding the Pavement
6.2
Pounding the Pavement

Album de Anvil (2018)

Je ne vais pas revenir sur l’histoire mouvementée de ce sympathique groupe canadien dont la longévité relève du miracle et du sacerdoce. Lips et son compagnon de toujours, le batteur Robb Reiner ont traversé tant de galères, qu’il est impossible de ne pas écouter un nouvel album sans un pincement au cœur et une certaine nostalgie, notamment lorsqu’on a vu le poignant documentaire The Story of Anvil (2008) et que l’on connaît le groupe depuis plus de trente-cinq ans comme moi. Anvil joue du metal avec une telle sincérité que cela en devient communicatif, même s’il est rare que leurs chansons flirtent avec l’excellence, exception faite de leur chef d’œuvre Forged In Fire (1983). Certes, Anvil n’a jamais publié un seul mauvais disque, mais n’a jamais confirmé non plus qu’il était capable de passer dans la catégorie des leaders du genre. Pounding The Pavement n’échappe pas à la règle. Tout en montrant d’indéniables qualités qui le classent parmi les meilleures réussites du groupe, il contient quelques maladresses et lourdeurs.
Débutant avec Bitch in The Box, un titre lourd, au rythme mid tempo et au refrain plutôt simpliste à classer entre certains titres des premiers Accept et ceux de Motörhead, ce nouvel album démarre étrangement. Les arrangements sauvent d’ailleurs cette chanson du naufrage pour finalement entrer dans la tête. Pour ceux qui connaissent Anvil, ce n’est pas une surprise puisque le groupe affectionne ce genre de rythmes. On retrouve un tempo similaire et un refrain aussi simple sur Smash Your Face, qui est peut-être plus réussi et renvoie au son et aux ambiances de 1983. Certains pourront trouver de l’intérêt au pesant Nonook On The North avec son refrain aux voix qui se répondent, mais ce n’est pas le meilleur titre de l’album.
Après, sans doute les trois morceaux les moins bons de l’ensemble, d’autres chansons élèvent le niveau. Car le trio nous montre qu’il est capable de lâcher les chevaux, notamment avec le très bon Ego, au riff endiablé, qui ne nous laisse aucun répit et marque immédiatement les esprits. Tout aussi jouissifs sont Rock That Shit qui marche sur les terres de Volbeat et Warming Up qui n’est pas sans rappeler Peer Günt. Et là, on applaudit, car Anvil parvient à se renouveler en nous offrant deux rocks déjantés, avec un superbe travail du batteur et un groove communicatif. Plus classique est Black Smoke qui mêle références à Motörhead et au « Rapid Fire » de Judas Priest, mais avec un tel enthousiasme, qu’il ne peut laisser de glace. Ces quatre titres méritent réellement le détour.
Dans des registres différents, soulignons aussi l’entêtant Doing What I Want qui donne envie de taper du pied avec son riff tourbillonnant ou l’étrange World Of Tomorrow qui louvoie entre Black Sabbath et le stoner psychédélique. Meilleur encore est l’instrumental Pounding The Pavement, avec ses envolées de guitares, ses changements de rythmes et son solo qui nous entraîne vers de nouveaux horizons.
Au final, Anvil nous ouvre à nouveau les portes de son monde avec un certain brio et confirme qu’il est toujours un bon groupe, certainement culte, et que j’adore, mais qui ne nous livre pas un disque plein.

DenisLabbe
7
Écrit par

Créée

le 11 sept. 2020

Critique lue 24 fois

Denis Labbe

Écrit par

Critique lue 24 fois

D'autres avis sur Pounding the Pavement

Pounding the Pavement
DenisLabbe
7

Tout pour le metal

Je ne vais pas revenir sur l’histoire mouvementée de ce sympathique groupe canadien dont la longévité relève du miracle et du sacerdoce. Lips et son compagnon de toujours, le batteur Robb Reiner ont...

le 11 sept. 2020

Pounding the Pavement
ManuPodj
6

On retiendra que c'est le 17ème album d'Anvil

Anvil semble avoir trouvé une belle vitesse de croisière et sa formule n'évolue plus autant que par le passé, tout comme la production de ses disques qui devient presque irréprochable (c'était...

le 9 mai 2020

Du même critique

Lupin
DenisLabbe
3

Loupé : dans l'ombre d'Omar

Lupin (2021) Lancée à grands renforts de publicité, cette série Netflix s’appuie sur une distribution construite autour d’Omar Sy et une intrigue soi-disant basée sur des références à Arsène Lupin...

le 8 janv. 2021

21 j'aime

10

Tribes of Europa
DenisLabbe
5

Les 100 de l'Europe

Série allemande Netflix, tournée en allemand et en anglais, Tribes of Europa s’inscrit dans une mouvance postapocalyptique à la mode. A ce sujet, les Allemands ne font pas les choses à moitié : ils y...

le 20 févr. 2021

19 j'aime

Lovecraft Country
DenisLabbe
9

L'Appel d'Ardham

Nouvelle série sur OCS signée HBO, Lovecraft Country s’inspire de l’univers lovecraftien et d’une nouvelle de Matt Ruff pour nous dépeindre une Amérique en pleine déliquescence, gangrenée par ses...

le 17 août 2020

13 j'aime

3