Sans révolutionner, AC/DC continue d'exister et d'attiser la flamme du cult following dans le monde entier. La sortie d'un album d'une formation identique depuis 1980, à trois batteurs près, suscite suffisamment de curiosité et d'attente pour que l'on y tende l'oreille : un nouvel opus d'AC/DC c'est l'assurance de retrouver un son, fait d'hard-rock et de blues, d'une structure couplet/refrain classique et, si l'on est chanceux, dix secondes d'un solo d'Angus Young à mi-parcours. Ajoutez à cela le même jeu de basse à 4 cordes de Cliff Williams depuis les années 70, l'inaltérable et tranquille "poum tchak" de Phill Rud que l'on imagine toujours avec la même décontraction clope au bec et un Brian Johnson perché encore plus dans les aigus avec l'âge, dessinant de nouveaux contours bluesy à ses performances vocales toujours plus délicieuses avec le temps. Un seul morceau dépasse les 4mn, nul ne trouvera le temps de s'ennuyer, on imagine déjà les gars de Airbourne reprendre en coeur cette partition classique.
L'album apparait donc immédiatement familier, identique au(x) précédent(s), soigne son morceau d'introduction comme sur le(s) précédent(s), ritournelle agressive et stimulante, lourde comme une pinte de bière et ayant comme fonction principale de faire gigoter les guiboles. La recette ne change pas et c'est avec plaisir que l'on retrouve les encore pas trop vieux heureux propriétaires d'un son qui n'a pas changé depuis cinquante ans, mais qui gagne ici en rondeur, en blues, comme l'était Ballbreaker en 96, digne successeur du "son" de Back In Black, classique hard noir comme la mort et qui bâtit à lui tout seul les onze commandements du hard-rock céleste, chopant ça et là dans cinquante ans de discographie des riffs à peine retravaillés, ralentis ou accélérés, joués un demi-ton au-dessus, et s'autorisant quelques débordements assez nouveaux comme sur Demon Fire et Wild Reputation où Brian Johnson s'amuse à jouer avec ses graves. Si certains effets ou échos peuvent paraître superflus, Power Up ravira les fans comme les amateurs de radio rock à l'ancienne, vous savez, celle que l'on allume lancé à toute allure et fenêtres baissées sur l'autoroute (de l'enfer).