Quand les gens pensent à Iron Maiden, ils pensent à The Number of the Beast, l'album qui va faire d'un groupe de l'underground londonien un monstre du heavy metal pour les trente années à venir.
Mais The Number of the Beast, même s'il est très notable, d'une qualité sans précédent et d'une influence incroyable, il est pour moi l'arbre qui cache la forêt, l'album de Maiden qui éclipse tous les autres, et pourtant derrière celui ci se cache la forêt, dense, magique, Piece of Mind, Powerslave, Somewhere in Time, et j'en passes.
Powerslave est un de ces hectares de forêts caché par The Number of the Beast, cinquième album studio de la bande à Steve Harris (troisième avec Dickinson au chant), ce disque succède à un Piece of Mind très sous estimé, car d'une qualité rare et magnifique à souhait. Mais Powerslave suit la même recette que les deux précédents, recette amplifiée, améliorée.
Powerslave, c'est le pharaon du Heavy Metal, l'oeuvre phare la plus ambitieuse en termes de virtuosité, la voix de Dickinson à son apogée, la basse de Harris à son paroxysme, les solos de Smith et Murray à leur zénith.
On démarre avec deux morceaux typiquement "singles", Aces High et 2 Minutes to Midnight, qui jettent déjà le rythme aventureux et épique de l'album. Losfer Words qui est loin d'être un mauvais instrumental, ne deviendra pas, à l'inverse des autres titres de Powerslave un classique, mais se laisse écouter avec attention et plaisir. L'introduction de Flash of the Blade suffit à prolonger le frisson des deux premières chansons. Viennent l'excellent The Duellists, inspiré du film éponyme de Ridley Scott, virtuose, magistral, et le non moins bon Back in the Village.
Et à quoi bon parler de Powerslave sans mentionner la chanson titre, véritable déluge musical qui transporte le fan dans l'univers de l'Egypte ancienne dès les premiers riffs, et The Rime of the Ancient Mariner, inspiré du poème de Samuel Taylor Coleridge, dont rien que le nom fait frissonner de plaisir à l'idée de ré-écouter ce classique incontournable, long de treize minutes, puissamment épique au possible, ambitieux et aventureux à souhait, ce titre, tout comme la pièce maîtresse de Seventh Son of a Seventh Son (1988), glace le sang au milieu de la chanson, lorsque surgit une voix du néant :
One after one by the star dogged moon,
Too quick for groan or sigh
Each turned his face with a ghastly pang
And cursed me with his eye
Four times fifty living men
(And I heard nor sigh nor groan)
With heavy thump, a lifeless lump,
They dropped down one by one.
Powerslave est l'album incontournable de Iron Maiden, un groupe qui a tellement évolué et qui s'est tellement diversifié tout au long de sa carrière qu'il est presque impossible d'avoir le même "album préféré", tant ses univers traités sont différents et riches, mais Powerslave est l'album qui artistiquement parlant, est le plus génial, le plus fou, celui qui dépasse les limites du heavy metal, et ce qui est beau, c'est que le groupe a fait bien plus par la suite, mais Powerslave, c'est l'album le plus typique de Maiden et de sa légende, son aura, c'est la digne preuve, pour ceux qui sont encore sceptiques après l'écoute de The Number of the Beast, que le groupe ne cherche pas seulement à vendre de la musique, mais à vendre la meilleure musique possible.
Je te laisse, heureux metalleux, écrire cette critique m'a donné envie d'écouter cet album pour la deux millième fois.