J'imagine que c'est assez logique dans le fond, mais il est malgré tout frappant de noter combien de compositeurs les ex-républiques soviétiques auront produits au tournant du vingtième siècle. L'Estonie a Arvo Pärt, la Géorgie Giya Kanchelli, la Lituanie Raminta Šerkšnytė, la Pologne (pas à proprement parler une république mais bon...) Gorecki, la Russie elle-même Schnittke, Martynov, Auerbach,... et la Lettonie Peteris Vasks. Je ne peux jamais me défendre de l'impression que leurs œuvres semblent aller, quoique par des voies diverses, dans un sens commun. Sentiment d'autant plus renforcé qu'elles ont souvent pour hérauts les mêmes interprètes, Gidon Kremer et Paul Hillier en tête.


Vasks lui, a assez de point commun avec Pärt. Avec celui-ci il partage le rapport conflictuel à l'héritage post-sériel, que l'estonien a progressivement abandonné, mais que Vasks utilise encore largement, surtout dans ses pages pour instrument seul. Écouter à cette occasion sa magnifique sonate pour guitare:


https://www.youtube.com/watch?v=C7-MwJPqaB4


La Gramata Cellam pour violoncelle seul tombe dans cette catégorie d'œuvres plus stylistiquement aventureuses (disons ça...) de Vasks, même si elle ne manque pas de profondeur émotionnelle.


De Pärt il partage aussi le profond recueillement, l'introspection et la ferveur religieuse. Ses œuvres vocales sont à cet égard très révélatrices, dont en particulier son très beau Dona Nobis Pacem (ici dirigé, comme par hasard, par le biographe et grand défendeur de l’œuvre de Pärt Paul Hillier):


https://www.youtube.com/watch?v=uZsenEas8jw


Son concerto pour violoncelle et sa musique du soir tombent dans cette dernière veine. Ces sont deux petits bijoux de cantabile mélancolique et fervent. C'est sans doute cela d'ailleurs qui fait le charme de sa musique. Quels que soient les moyens qu'il emploie ils sont mis au service d'une émotion vibrante.


C'est aussi cela que je désignerais comme le lien entre tous ces compositeurs venus du froid. Sans vouloir faire de la psychologie de comptoir et tirer des conclusions faciles sur la vie en dictature socialiste (et sans oublier qu'il y a probablement aussi un effet de mode au travail) disons que c'est devenu peu à peu le visage de la nouvelle musique venue des anciens états-satellites qui s'impose: une musique passionnée, volontiers émotive, fréquemment imprégnée de religiosité, d'ascétisme et d'intériorité vibrante. Ses thuriféraires n'y sont pas pour rien. Hillier en particulier n'a de cesse de se faire l'anthologiste de ce genre de musique et ses Baltic Voices sont de bons exemples de cette création de mythe nordique.


Enfin, quoiqu'il en soit de mes élucubrations, écoutez Peteris Vasks, c'est beau.

Listening_Wind
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le 23 nov. 2015

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