Cet album est connu, reconnu et digne d'une vaste influence, tant dans la musique rock que dans la musique électronique. De plus, les groupes mêlant les deux esthétiques ne pouvaient que trouver là un totem qui deviendra sinon mythique parce qu'encore trop récent et que son créateur n'a pas encore (et heureusement) disparu, mais néanmoins référentiel.


Dans la fin de ces années 80 (1989 pour sa sortie), Pretty hate machine fait office de synthèse en termes d'esthétique underground (post-punk, eurodance et cold-wave) alors que le marché de la musique mainstream se cantonnait à un son lisse et divertissant.


Trent Reznor, qui a tout joué sur l'enregistrement de ce premier album magistral, a trouvé des producteurs à la hauteur de son talent et qu'il appréciait fortement. La rencontre avec Flood (surtout), John Fryer, Keith LeBlanc et Adrian Sherwood devenait les clés de voutes pour la finalisation du projet.


Des titres sont devenus cultes : Head like a hole, Something I can never have (B.O. du film Tueurs nés) ou Down in it, Sanctified.


Les qualités majeures de Trent Reznor étaient déjà présentes. A savoir un bon song-writing, des mélodies qu'on garde en tête, et une certaine hargne qu'on sentira plus sur l'album incroyable The downward spiral. L'efficacité des morceaux est sans conteste présente du début à la fin. Et l'on sent par ailleurs une capacité à visiter, explorer la musique qu'on retrouvera sur The fragile, plus expérimental.


Classieux pour son époque, le son date un peu aujourd'hui il est vrai. En même temps, la technologie a tellement évolué dans les musiques électroniques que c'en est normal. Mais on ne sent pas de clivage entre la partie électro et la partie rock. Le tout est vraiment bien arrangé et très bien produit. C'est bien là une qualité intrinsèque au style de Trent Reznor, de tout assembler et arranger pour que tout ne fasse qu'un, malgré la profondeur sonore. Car s'il y a bien une caractéristique de ses créations, c'est sa manière d'ajouter des couches au fur et à mesure, produisant cet effet de puissance qui sera caractéristique de ses productions suivantes.


Ses influences sont larges. On les sent sur les lignes de basse dansantes, ou les rythmes mécaniques, ou encore dans les nappes profondes et froides. Qui n'a pas retrouvé des traces de Karfwerk, ou encore de la funk/disco music chez Reznor ? Ou encore cette massivité du metal qu'il sublimera, qui transpire dans le son ? C'est peut-être moins flagrant dans cet album. Il a tout de même une forte couleur rock.


L'ambiance est tellement personnelle dès les premières notes de l'album. Un personnage singulier s'est glissé dans le paysage musical, avec un caractère original et fort. Cette voix tellement reconnaissable, et si bien travaillée. Tiraillée entre la douleur, la rage et la mélancolie, elle nous transporte, se posant soit tendrement sur les nappes froides, soit avec fermeté sur un rythmes envoutant. Une partie dépressive ? Alors son opposé complémentaire viendra juste après...


Cette musique est presque cinématographique, ce qui colle avec le titre Something I can never have utilisé pour cela. Le monde de T. Reznor ne se limite donc pas au son. Il nous envoie ses représentations, ses sentiments, ses émois dans l'oreille, le corps et dans notre capacité à rêver. Cet album est une œuvre d'art complète, ouvrant une fenêtre sur le monde de son compositeur et interprète. Ce monde s'étend aujourd'hui dans bien des esprits, cultivés et nourris par cette musique profonde et soyeuse, rageuse et écorchée.


Une belle machine de haine.

Budokick

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