Je n'ai pas l'habitude de parler de musique, encore moins de musique qui vient de sortir, j'ai souvent besoin d'un temps d'adaptation pour véritablement apprécier la plupart de ce que j'écoute.
Mais là je pense que c'est nécessaire que je couche certaines de mes impressions car je suis face à un problème. Lorsque j'écoute l'album, je suis transporté comme rarement, je trouve ça somptueux, le motif revenant ponctuer régulièrement les mouvements, les entrées fracassantes du sax, la douceur avec laquelle il nous emmène au travers des paysages ambients, les passages un peu drone, un peu prise de son réelle, un peu mélancolique et en même temps absolument abstraite. Je suis conquis.
Et pourtant quand j'essaie d'y réfléchir, de mettre des mots sur réellement ce qui fait que cet album est probablement celui qui m'a le plus marqué de 2021 pour le moment, je n'y arrive pas. Souvent c'est un musicien virtuose ou une idée plus ou moins large, une chanson particulière, une ambiance, un concept, n'importe quoi auquel me rattacher pour légitimer mon appréciation de l'oeuvre.
Rien de tout ça ne traverse Promises, tout y est irrémédiablement blanc et indolore quand on essaye de le rationaliser : les solos de sax sont sympathiques mais rien de transcendant, les ambiances drone-y sont en parfaite lignée avec ce qu'on peut entendre depuis 30 ans, même quand les basses jazz entrent en scène ce n'est rien ni d'impressionnant ni même, honnêtement, d'intéressant.
Les musiciens se sont réunis, ont joué les notes les moins inventives, dans les rythmes les plus conventionnels, aux volumes les mieux adaptés avec une idée connue de tous. Et malgré ce mélange qui devrait en faire une soupe insipide, c'est une des plus belles choses que j'ai pu écouter.
C'est une espèce de sphère de marbre glissante et creuse, impossible de faire autre chose que d'admirer la sincérité et la beauté de sa simplicité.