PURE
6.2
PURE

Album de Cö shu Nie (2019)

Le math Rock, est, par nature, l’anti musique pop. On ne comptera pas les memes se moquant de pauvres guitaristes (forcément masculin) ayant acquis leur habileté manuelle et leur légendaire souplesse de poignet, nécessaire à effectuer du tapping ou de réaliser un accord de Bbm6/F en effectuant une activité habituelle pour tout mâle en manque de vagin. Bref, le math rock n’attire que des gens à lunettes de moins de 50 Kilos (les gens, pas les lunettes), ayant un kink bizarre pour des Telecaster couleur crème (un jour, elle sera mienne !) accordée en EEECGE.

Car, oui, pour attirer un public féminin vers une musique plus élaborée techniquement que du Taylor Swift , il faut au moins la (très jolie, et je parle en connoisseur) gueule de minet de Tim Henson.


Mais, pour une raison inconnue, le Japon ne pense pas comme ça. Un ensemble de groupe déterminés veulent faire une musique à la fois incroyablement complexe et audible pour le commun des mortels. Enterprise, à priori impossible, mais manifestement, ce mot n’existe pas plus en japonais qu’en français !

Car, au départ, Co Shu Nie, c’est du rock indé hautement qualitatif. On ne saurait que trop recommander les premiers EP, même si enregistrés avec une patate de piètre qualité. Avec PURE, on sent que le budget a radicalement augmenté (opening d’anime oblige). La légende dit que Sui Ishida est un fan de la première heure et les ait recommandé à la production de l’anime de Tokyo Ghoul. Ainsi, la réalisation de cette bouse se trouve justifiée de la plus belle des manières.

Avec PURE, quelque part, on obtient un sommet du minimalisme. L’album se compose d’une série de chansons de 3 minutes au plus. Mais dans ces trois minutes, quasiment tout est dit. Changement de signature rythmique, accords bizzares, tapping de basses ou slap comme s’il en pleuvait. Les inévitables opening d’anime sont portés par la voix puissante et sexy de la chanteuse/guitariste/pianiste/compositrice/génie honoraire/ma future femme Miku Nakamura, mais aussi par une orchestration aussi bourrine que raffiné. On a sorti les grosses guitares, le batteur tape sa pauvre batterie avec ses 5 bras et ses 6 jambes, le bassiste nous sort des intros plus légendaires les unes que les autres, le piano virevolte comme si Jay Gould était soudain sorti de sa tombe. C’est rock, c’est fédérateur, tu peux le faire écouter ça à ta petite cousine, elle aimera. Mais, pour les jouer, c’est l’enfer de Dante. A chaque écoute, on pourra se délecter de tous ces petits détails qui viennent taquiner le tympan, cette basse venant subtilement jouer avec la guitare et progressivement la remplacer, dans Asphyxia , ou bien le solo de guitare avorté de Zettai Zetsumei, ou le break à 1.20 de Bullet qui vient apporter une respiration bienvenue avant de replonger dans le bordel ambient.

Mais derrière, il y a le reste. Des délires un peu chelous (Scapegoat Character ou Cream), qui partent d’une idée manifestent imaginée sous alcool, pour donner un résultat toujours bordélique et intéressant.

Et surtout, ces chansons plus calmes, quasiment style ambient (gray, inertia, ice melt, iB ). La voix, tellement énervée à la chanson d’avant se fait plus intimiste et susurre des mots doux à l’oreille extasiée de l’auditeur. Je bite que dalle au japonais, mais la calme mélancolie transmise par la voix, ce piano triste cette basse joué avec un gant de velours, et a batterie ayant abandonnée toute apparence de complexité ça, je comprends. On voit bien l’influence qu’a pu avoir Bjork sur le groupe (oui oui, ceux qui ont fait Lamp sont totalement fan d’une cyclothymique islandaise).

Bref, ce qui ressort de PUREE (et de toutes les productions de cos shu nie) c’est un amour de la musique, servie par une compétence technique absolument extraordinaire. Sérieusement, il n’y a aucune chanson que je puisse qualifier de mauvaise. Tout est intéressant, ne serait ce que sur le simple plan technique.


SallyC
10
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le 17 sept. 2023

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