Il y a le romantique.
Is it me
For a moment ?
Il y a le bloody lunatic, bell boy.
I got to keep running now
Keep my lip buttoned down
Il y a le dur, le violent, helpless dancer.
And when your soul tells you to hide
Your very right to die denied
Il y a lui, le lyrique, le sublime, le menteur, le mendiant, l'hypocrite
Love
Reign
O'er
Me
John Entwistle
Keith Moon
Roger Daltrey
Pete Townshend
Jimmy.
Jimmy est un mod. Jimmy est schizophrène, mais c'est de famille apparemment - c'est sa mère qui le dit. En fait Jimmy est schizophrène dans sa schizophrénie, il a quatre personnalités différentes ; le romantique, le lunatique, le violent, et le mendiant, l'hypocrite.
L'album est un chef-d’œuvre car il touche à l'absolu, et ce parce qu'il est en soi totalement intimiste dans le contexte et dans le fond. C'est l'histoire d'un jeune mod camé aux amphèt' dans les années 1960 d'une certaine Angleterre (donc rien à voir avec la portée volontairement large et grand public de Tommy). Chaque membre du groupe, c'est un peu Jimmy, et Jimmy, c'est un peu les quatre membres ; chacune de ses quatre personnalités est représentée par un des Who (regarder dans les rétros du scooter de Jimmy sur la pochette de l'album), et possède son thème musical, plus ou moins répandu dans l'album au gré des morceaux et souvent un morceau représente un thème, un membre, un personnage. Au passage, grosse injustice pour Entwistle, qui a le deuxième plus beau thème et qui doit se coltiner d'être dans un morceau représentant plus... Keith Moon, aux dires de Pete. Pete, il faut arrêter de privilégier son chanteur bg et son batteur charismatique aux dépens de son génial bassiste/guitariste - ah oui, parce que clairement, John se surpasse littéralement, d'ailleurs c'est lui qui a parfaitement fignolé les arrangements sur 5:15 particulièrement, ou The Real me.
Les morceaux sont tous beaux (pas forcément égaux, normal c'est un album concept / opéra rock), mais sont particulièrement importants :
- Le morceau "Quadrophenia", qui arrive en troisième (certains ne comptent pas I am the Sea et donc il arrive en deuxième ; franchement je ne sais qu'en penser, mais c'est vrai que ça rend la "syntaxe" de l'album plus logique) . Tous les thèmes arrivent à la suite les uns des autres, pour symboliser la double schizophrénie de Jimmy.
- Le morceau The Rock. Jimmy achève son parcours psychique, ses quatre personnalités se fondent en une. Musicalement c'est du génie, c'est ce qui fait que Quadrophénia arrive totalement au niveau de réflexion et de technique de The Lamb de Genesis ; les quatre thèmes sont joués ensemble dans une harmonie parfaite. The Rock arrive en avant-dernier -d'où les petits tours de passe passe pour dire que "Quadrophenia", auquel il fait écho, est en deuxième.
- Love reign o'er me (normalement vous l'avez vu venir). Dernier morceau, première fois qu'on entend réellement le thème de Pete qui s'est offert d'être la personnalité ultime de son anti-héros. Et à raison. Le morceau est le final ambigu entre amour et mort, final nécessaire et parfait, aboutissement "irraisonné" de Jimmy (The rock est l'aboutissement psychique, Love reign o'er me, l'aboutissement émotionnel), une explosion lyrique totalement sublime. Et Roger démontre que oui, la plus belle voix du rock, c'est bien lui.
Merci Pete, pour avoir composé cette merveille. Merci à John, Roger et Keith aussi, d'être, chacun, un "Jimmy" du rock extraordinaire.