J'ai découvert ce groupe à l'occasion de leurs derniers concerts parisiens à la Gaité Lyrique à l'automne 2014 et à l'Alhambra le 9 février dernier. Mashrou Leila existe depuis 2008, et ses membres se sont rencontrés à l'université américaine de Beyrouth. Il connait un énorme succès dans le monde arabe enchainant les concerts au Caire, à Amman, à Tunis et bien sûr au Liban. C'est pour le moment le seul groupe oriental qui a fait la couverture de l'édition du Moyen-Orient de Rolling Stone. Hamed Sinno, chanteur et leader du groupe, est une personnalité très forte, homosexuel revendiqué dans un monde arabe où le sujet est encore un énorme tabou. On ne peut qu'admirer le courage de ce jeune homme de 26 ans, alors que bien des chanteurs occidentaux - et non des moindres - sont encore dans le placard. Allez comprendre...
Cette bande d'hipsters libanais explore dans ce disque sorti fin 2013 une veine rock indé pop métissée avec des influences plus balkaniques et ottomanes qu'arabe, seule le chant d'Hamed Sinno est marqué par cette tradition. Leur musique est magnifique, avec une grande qualité mélodique, qui alterne des chansons teintée de mélancolie, d'exaltation ou de rébellion, car ils chantent l'amour, la volonté d'être libre, et fustigent la politique au moyen-orient.
Les arrangements sont d'une grande sophistication, avec un violon omniprésent entre envolées klezmer et réminiscences orientales. La voix d'Hamed Sinno, puissante, lyrique et expressive, contribue considérablement au charme de leur musique. Des chansons telles que Ala Babu – qui évoque un amour homosexuel -, Lil Watan, d'une suavité pop irrésistible mais qui critique fortement le pouvoir politique, ou Bahr sont très emblématiques des réussites de ce groupe.
Le groupe en live est absolument éblouissant : le talent vocal et la forte présence scénique d'Hamed Sinno d'un engagement absolu, hypnotise.
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