Quand sort « Random Access Memories » en 2013, cela fait depuis 2005 que je patiente, depuis « Human After All ». On ne peut pas dire que ce qui est sorti entre-temps ait réellement comblé mes attentes ; un best-of dont l'intérêt résidait dans ses 4 remixes inédits, un Alive que j'ai loupé à cause du Bac (et je ne suis pas grand fan de lives sur disques) et la BO de Tron que j'ai aimé comme un Hans Zimmer. Pas de claque cosmique comme avait pu l'être « Discovery » à mes 11 ans. Alors j'attends et je traîne sur le French Touch Forum, accumulant les faux espoirs sur de faux leaks postés par Daftworld, découvrant très vite tout un autre pan de la French Touch, de la musique électronique puis de la Pop en général. Quand on me tease « RAM » en 2013 donc, ma culture est refaite, FTF n'existe presque plus, je ne jure plus du tout que par Daft Punk et pourtant, l'extrait que je vois de Coachella m'excite terriblement, autant que le public sur place. Il faut dire qu'en lisant au générique Panda Bear, Giorgio Moroder, Julian Casablancas, Chily Gonzales ou Niles Rodgers entre autres, ce teaser parle directement à ma mélomanie, mélomanie que le duo casqué aura contribué à construire. Puis le teasing continue, des interviews du casting, des affiches partout, la sortie officielle de « Get Lucky » qui rencontrera le succès qu'on lui connaît... Quand un de mes amis, lui aussi mélomane, m'annonce avoir un lien - pas très légal mais c'est pas grave je l'achèterai - vers le nouvel album, deux jours avant sa sortie officielle, je n'en peux plus d'attendre, je craque, je le télécharge en moins d'une heure avec le réseau du Crous et je lance mon écoute dans ma chambre universitaire...
« RAM » commence par le disco « Give Life Back To Music » et en entendant entre deux puissants interludes à la guitare électronique nos deux compères n'aillant rien perdu de leur maîtrise du Vocoder, je lâche une petite larme... Qu'il est bon de se retrouver après tout ce temps ! L'émotion se poursuit avec « The Game Of Love », devenu depuis un des titres phares de ma déprime amoureuse. On peut le placer à côté de « Within », où Gonzales fait - comme toujours - des miracles au piano et « Beyond » et son intro cinématographique; dans la lignée d'un « Something About Us », jamais des voix robotiques n'ont autant donné envie de sortir les mouchoirs. On peut reprocher des paroles simplistes, mais ne serait-ce pas là ce que des robots pourraient synthétiser de l'Amour, un langage simple et universel qui touche et parle à tous ? En tout cas, des amis qui n'avaient jamais été conquis auparavant par le duo se sont mis à reprendre leurs morceaux à la guitare. Et c'était beau. Le sommet émotionnel de l'album était déjà pour moi « Touch » à l'époque, bien avant qu'il soit utilisé pour annoncer leur séparation ; on y entend tout leur savoir-faire acquis en travaillant sur la BO de Tron et avec l'aide de Todd Williams et d'un chœur d'enfant, ils nous offrent leur plus beau titre évolutif et atmosphérique de leur carrière.
Quoi d'autre ? De sa voix, Pharell a fait revivre le disco le temps de deux titres sur les ondes, le tube que tout le monde connaît et « Lose Yourself to Dance », Niles Rodgers (mettant sa patte sur un peu tout l'album, par ci par là) nous fait toujours autant vibrer par sa technique unique à la gratte et les robots font monter la sauce par leurs voix... L'80's « Instant Crush » avec Casablancas est à placer à côté de « Fragment of Times », où Todd Edwards fait autant de merveilles dans ses bricolages que par son chant, comme à l'époque de « Face to Face ». On re-danse comme en 2001, comme à la fin des 70's, sans se prendre la tête, cette dernière dans les étoiles. Et c'est bon putain !
En 2013, j'avais néanmoins quelques griefs contre l'album. Je trouvais par exemple la batterie sur la fin de l'hommage « Giorgio By Moroder » comme sur « Contact » trop « artificielle » pour un album électronique, là dans le seul but de donner de la puissance aux morceaux. Je trouvais aussi l'ensemble un peu répétitif, notamment « Doing it Right », plat malgré mon affection pour Panda Bear. Bon, toujours moins répétitif qu'un « Human After All » vous me direz mais il manquait sur certains titres un côté évolutif et fourni dans le mixage qui auraient pu leur conférer autant de corps et d'âme que sur les autres... Avec le temps, j'ai appris à apprécier l’entièreté de l'album, et je prends aujourd'hui du plaisir sur chacune des pistes, même l'instrumentale « Motherboard » que j'oubliais trop facilement à l'époque, pourtant une merveille d'Electronica.
Au final, l'attente aura valu le détour, je suis sorti repu, satisfait, ému de ma première écoute et au bout de quelques autres, j'ai écrit un bilan sur lequel je ne changerai pas un mot (bon, à part une insulte un peu gratuite envers Guetta que j'ai préféré retirer) : « Cet album est un voyage dans un autre espace temps, celui du duo lui-même ; toutes leurs influences se trouvent au cœur même de l'album. « RAM » est plus touchant que les autres car il est inspiré justement de ce qui les a touché, ce qui donne une nouvelle dimension à leur univers et à la musique en générale; ça fait du bien de se dire en tant que vrai fan qu'après 8 ans d'attente, ils ont encore des choses à nous faire découvrir, partager. Loin des tapageurs « Homework » et « HAA », on est finalement assez proche de mon album culte « Discovery », les samples remplacés par un véritable orchestre ! Masque bas, et encore merci pour ce voyage qui ne fait que commencer tellement il y' a à en dire ! »