Attention, c'est long !
Je parlerais à la fois en fan des Daft Punk (de leur style musical en tout cas), j'essaierais de paraître objectif vis-à-vis de cette vision mais aussi du travail effectué par le duo sur cet album. Et ce même si être objectif est impossible à cause des goûts et des pensées propres à chacun.
Daft Punk est mort une fois après Human after all, à cause de leur "départ/absence" et non de leur dernier album parfois jugé comme étant le moins original de tous.
Il a ensuite ressuscité tel le phoenix avec le teasing de Get Lucky, après 8 années d'attentes interminables. Par le biais d'une campagne de promotion faite pour mettre l'eau à la bouche de millions de fans. Ce retour a été trop rapidement annoncé comme gagnant.
Malheureusement Daft Punk est mort une nouvelle fois avec Random Acces Memories. Et je vais vous expliqué pourquoi, selon moi et mon avis purement personnel.
Tout d'abord, qu'est ce que Daft Punk ?
Un duo de DJ/compositeur de musique électronique issu du mouvement House des années 90, dont nous saurons au final qu'ils sont principalement influencé par la musique Funk et Disco. Ils ont créé, par le biais de leur 3 premiers albums un style bien à eux. Le véritable style Daft Punk, dans un mélange de House-électro-Funk-Disco.
C'était ça Daft Punk.
Random Acces Memories est un album des Daft Punk, oui il y a leur nom dessus.
Mais est-ce que leur style musical y est ? LE style Daft Punk d'Homework, Discovery et Human after all ?
La réponse est non.
Plus de basses dynamiques, groovys, qui même en arrière plan musicale donne l'envie de lever les bras et de danser tel les fous cachés que nous sommes.
Plus de sons électroniques clinquants, qui tabassent, qui prennent au corps pour se laisser aller dans le mouvement que la musique crée.
Plus de samples, repris et modifiés d'une telle manière qu'il n'en devient plus un simple sample, mais une appropriation du duo.
Plus de synthés feutrés, mélodieux et mis en effet dans le style que le groupe a créé, ceux qui formait le ciment de certains de leurs morceaux. Ceux qu'on fredonnait, parfois même qu'on avait en tête des heures et des heures.
Plus de sons de batteries découpés pour former le rythme à chaque morceau, ceux qui nous font taper du pied par terre quand on les écoute.
Ici, tout est "pur". Oui "pur".
Les batteries ne sont plus découpés, c'est une vraie batterie qui est présente.
Le synthé a laissé sa place au piano, ou à des effets moins significatifs, complètement différents de ceux utilisés par le duo dans les anciens album.
Les sons électroniques n'existent plus. Simplement plus.
Les basses aussi, ou presque, ou très peu. Remplacées par des sons de guitare funk qui se veulent entraînants.
Les samples ont disparus (sauf dans "Contact"). Il n'y a que des créations originales, preuve de la volonté du groupe de faire ses propres compositions.
L'effet studio s'en ressent. Les instruments sont réels.
Les robots ne sont plus dans le virtuel mais dans la réalité, la notre.
Et puis il y a les influences qui sautent aux yeux.
D'une part, les collaborateurs présents sur le disque réitèrent ce qui ont fait leur succès.
Dans "Giorgio by Moroder", on écoute un son produit par Daft Punk qui aurait certainement pu être créé par Moroder lui-même.
Est-ce une bonne chose ? Car ici, le morceau passe plus pour une imitation que pour une composition originale influencé par le style d'un artiste.
D'autre part, le style (et pas simplement ses influences au final) est résolument disco et funk.
Là où les 3 premiers albums contenaient des sonorités proches de ces 2 styles musicaux, RAM est un disque qui l'est complètement.
Plus de demi-mesures. Ici, Daft Punk fait un album disco-funk, et plus le fabuleux style musical qu'il a créé de toutes pièces.
Puis, il y a la qualité des productions. Pour faire simple, le duo et ses collaborateurs ont créé un disque d'une très bonne qualité sonore. Les morceaux s'enchaînent, ça coule tout seul et on voit pas le temps passer.
L'organisation des morceaux est elle aussi bonne, voir parfaite. Elle contribue à cette fluidité.
Le morceau "Contact" a ainsi la dure place de morceau final, celle qui va nous faire quitter l'album (et peut être le remettre en lecture, qui sait ?). Et dans "Contact", ça monte, ça monte, et ça ne s'arrête plus. Jusqu'à ce que le son sature, que la musique meurt laissant place à ce qui semble être des râles, des spasmes. Alors qu'en fait c'est simplement la fin d'une retransmission, celle de l'album.
Cependant, et c'est là où le bas blesse, on ne danse plus, ou du moins on n'a pas forcément envie de se lever de sa chaise et bouger son bassin.
Il nous arrive d'être entraîné dans certains morceaux. On citera naturellement "Get Lucky", "Lose yourself to dance", "Give life back to music".
Mais seul le célèbrement teasé "Get Lucky" sonne Daft Punk. C'est le seul morceau où la collaboration est la plus proche du style musical qu'à pu faire sonner le duo lors de ses premiers disques. Niles Rodgers et le groupe sont sur la même longueur d'onde, preuve que l'influence du duo pour le guitariste est réelle, puissante, magnifiée dans leur collaboration musicale.
Autre point, les voix humaines robotisées (vocoder) des premiers albums manquent, car la volonté du duo de faire des voix robotique le plus humaines possible annule le charme du vocoder. On entend trop la personne réelle parlé, et plus le robot pourtant animé de vie des précédents disques.
Certains morceaux passent inaperçus dans l'écoute de l'album.
On se souvient des morceaux comme Voyager, Digital Love, Superheroes entre autre, qui était présent sur disques, sans faire de bruit, sans être les plus connus, et qui était pourtant d'une puissance musicale et d'une attraction incroyable. L'esprit était saisi lors de leur écoute, une histoire se créée lors de celle-ci.
Et puis sur RAM, il en est malheureusement rien.
Où est l'homérisme d'un Superheroes ?
La folie mesurée d'un Crescendolls ?
La rêverie entraînante émanant d'un Digital Love ou d'un Voyager ?
L'ambiance feutrée, timide, presque érotique d'un Something about us ?
Leurs héritiers semblent être "The game of love", "Within", "Touch", "Motherbroad" (un morceau dans un style très BO, certainement un rappel de leur Tron) et "Fragments of time".
Les morceaux sauvant l'honneur des Daft Punk se nomment "Get Lucky", "Lose yourself to dance", "Give life back to music", "Instant Crush", "Doin' it right" et Contact".
Ils sont beaux, mélodieux, entraînants, travaillés, et peuvent rester en tête.
Mais ils ne sont pas des morceaux dans le pur style des Daft Punk (exception faite à "Get Lucky" comme expliqué précédemment).
On a ainsi une liste de morceau sans la saveur, sans l'empreinte qui a fait le succès des robots.
Random Acces Memories est un bon album au demeurant, le duo a assumé ses influences et a fait un disque de qualité.
Mais c'est un mauvais Daft Punk, car il n'en a tout simplement pas l'âme dansante, frappante, rêveuse, entêtante.
Vous prendrez certainement du plaisir à l'entendre, comme j'en ai moi aussi pris, un peu.
Mais les fans de la patte DP ne se retrouveront pas, malheureusement pour nos oreilles.
Bonne écoute.