L'autre grand album de King Crimson avec « In the court of the Crimson King ».
Sorti en 1974 « Red » est le dernier album de King Crimson première période (1969-1974), la meilleure aussi même si d'autres disques comme « Discipline » sorti en 1981 sont également intéressants.
Assez différent au niveau de l'ambiance général, il faut dire que la composition du groupe n'est plus du tout la même, seul Robert Fripp est encore présent.
C'est plus carré, millimétré, plus compact, moins aérien (sauf sur « Starless ») et surtout plus pesant.
Plus jazz rock aussi, notamment par l'apport du saxo, même si le côté prog est toujours bien présent.
Sans faire offense à « Fallen angel » (loin d'être mauvais) et « Providence » les trois pièces phare de l'album sont « Red », « One more red nightmare » et « Starless » ; pour les morceaux « cool », « planants » et « légers », King Crimson a fait mieux que « Fallen angel » et « Providence », notamment avec « Moonchild » et « I talk to the wind » sur le premier album et surtout la voix de Wetton n'est pas au niveau pour ce type de titres plus intimistes et doux. En tout cas pas au niveau de Greg Lake.
Passons donc directement aux trois pièces essentielles, aux trois petits bijoux, nettement au dessus du lot.
« Red » le morceau est un instrumental oscillant entre jazz rock, prog, et hard rock, très réussi, hypnotique presque heavy metal dans le son de la guitare, le saxo apporte également quelque chose une épaisseur supplémentaire car magnifiquement utilisé et d'ailleurs Fripp a fait appel à deux de ses « ex » Mel Collins et Ian Mc Donald venus prêtés main forte ; une ambiance tendue, presque inquiétante et des musiciens qui s'en donnent à cœur joie (mention spéciale à Bruford le batteur).
« One more red nightmare » est plus expérimental entre cool et « heavy », toujours un excellent saxo, un morceau dans la lignée de « Red » au niveau des riffs et de l'atmosphère novatrice et toujours le même son si particulier, marque de fabrique de KC.
Sur « Starless » on retrouve par séquence un peu le King Crimson de « Epitaph » et de « In the court of... » (le morceau) : guitare acoustique, nappe de mellotron, ambiance qui monte cresendo ; là c'est la basse de Wetton qui donne le ton mais Fripp et Bruford ne sont pas en reste, accompagnés par le saxo ; tout reste très compact, parfaitement travaillé, d'une grande beauté et d'une grande créativité. 12 minutes de bonheur total. Le travail de Robert Fripp à la guitare est à la fabuleux, grandiose tout en restant assez discret de prime abord.
« Red » et surtout « Starless » sont excellents (Starless étant un des meilleurs morceaux de King Crimson et un des meilleurs morceaux de l'histoire du rock progressif tout simplement) et donnent à cet album un aspect un peu « magique » et en font une œuvre essentielle.
Ce qui frappe en premier à l'écoute de cet album au delà des compositions c'est le son assez unique, de l'ensemble, absolument unique, sans équivalent, presque métallique par moment, notamment sur « Red », la patte Robert Fripp évidemment, véritable expérimentateur en sonorité....et c'est bien là l'un des plus du groupe. Un son qui influencera ensuite autant des groupes de new wave, de métal, de post-punk que des artistes comme Bowie avec qui Robert Fripp a bien sur travaillé.
Quant à Wetton et Bruford, la section rythmique, elle est phénoménale, sans doute la meilleure section rythmique de KC.
Petit bémol, déjà évoquée, la voix de Wetton par rapport à celle de Greg Lake, moins bonne, moins chaleureuse et qui se marie moins bien aux parties instrumentales. Vraiment dommage et embêtant que les parties chantées ne soient pas à la hauteur du reste, pas mauvaises mais juste un peu moins bonne.
En conclusion une fusion totale, aboutie et parfaite de jazz rock progressif avec un zest de métal mais qui n'a rien à voir avec le hard rock qu'on pratiquait en 1974, quelque chose de vraiment créatif et qui se renouvelle depuis le premier album.
Pour moi King Crimson est sans hésitation possible dans le top 3 du rock progressif avec Genesis et Van der Graaf Generator.
KC à chaque album a su se réinventer, parfois maladroitement certes, mais a toujours innové et a toujours eu ce son si particulier qui en fait un groupe à jamais unique.
8,5/10