Tomber sous le charme d'un album, c'est toujours un moment particulier que je savoure goulûment. C'est une chute dans une musique qui prend aux tripes. L'écoute - en boucle plusieurs jours durant - remue instinctivement, rien n'est disséqué et, passé cette phase, je sais que j'y reviendrai ponctuellement avec une joie intacte.


Red & Black Light m'est donc tombé dessus sans crier gare (plus précisément en découvrant le clip de sa reprise de Run the world (Girls) concluant l'album, à voir pour l'exercice dystopique introductif). Il constitue la face d'un projet de deux albums parallèles rendant hommage aux femmes et à leur nécessaire mise en avant dans le monde actuel. Si l'opus Kalthoum s'inscrit dans une approche Jazz en différents mouvements assez familière de l'univers pourtant étendu et versatile d'Ibrahim Maalouf, Red & Black Light s'aventure lui dans un monde où le jazz fusionne avec le rock, en sus d'une touche de funk et d'électro, sans oublier l'héritage oriental que sa trompette à quatre pistons sait si bien retranscrire.


Le tout donne un résultat presque pop, parfois irrésistiblement dansant (à ce niveau, le titre Essentielles, explosif et incantatoire, en est le meilleur exemple). Il y a une fougue qui n'a rien de bravache dans l'écriture d'Ibrahim Maalouf, chaque titre étant un petit bijou d'exigence dans sa mise en scène sonore, le placement et l'entrelacement des instrumentistes égrenant les mélodies & rythmiques composées.


Accessible, séducteur et ambitieux, Red & Black Light n'expose son flanc qu'à la critique sévère qui voudrait compartimenter les genres. Hormis cela, ce ne sera qu'une question de feeling pour tomber ou non sous le charme.

Hypérion
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le 17 déc. 2015

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