Moins d'une demie-heure... Précisément 28 minutes 58. C'est le temps qu'il faut à Slayer pour nous convaincre que dans la course à la vitesse et à l'aggressivité, il faut aussi compter sur eux. En 1986, le thrash cherchait encore son roi. Et même si d'autres groupes ont crée des chefs-d'œuvre cette année là, je pense que ce "Reign In Blood" peut être couronné. ("ouiii, et "Master Of Puppets", alors ?".. C'est vrai, mais les morceaux sont plus longs, plus posés et par conséquent, moins coup-de-poing-dans-ta-gueule... Tout cela est évidement subjectif, et c'est pas l'avis d'un couillon comme moi qui changera le cours du jeu).
A part l'excellent "Angel Of Death", et le non moins excellent "Raining Blood" (ce dernier étant cependant aidé par la pluie finale), aucun titre ne dépasse les 3 minutes. Et quand on dit vitesse, on ne ment pas : les riffs sont executés par un poulpe et Tom Araya te balance les paroles comme s'il venait de se rappeler qu'il avait laissé son fer à repasser sur une chemise et qu'il voulait aller le débrancher fissa. Il est honnêtement pas évident de le suivre, principalement sur "Necrophobic".
"Angel Of Death", et son cultissime cri d'introduction ("Tom, t'as pensé à couper le gaz en partant ?" "AAAAAAAAAAAAAAAAAHNOOOOOOOOOOOON"... La légende dit que c'est suite à cette question que le thème de la chanson aurait été trouvée.. Non, je déconne !). "Angel Of Death" et son sujet sulfureux, les camps de la mort vu par Mengele. Mais surtout, "Angel Of Death" et son efficacité redoutable. C'est une véritable perle, comme Slayer seul sait en créer, malsain à souhait et pourtant en même temps dynamique.
L'autre trésor de l'album, je l'ai déjà cité, est "Raining Blood"... Le "Tam-tam-tam" d'intro suffit à te mettre à genoux, et la guitare arrivant tel le TGV dans ta gueule t'achève aussi sûrement que ce dernier. Un véritable plaisir auditif, peut-être aussi lié au fait que c'est la chanson clôturant cet album, que l'on aura écouté quasiment en apnée, les moments de répits étant rarissimes.
Entre ces deux morceaux, des uppercuts, des coups de boules, de la rage concentré, un défouloir dans lequel on accompagne un tueur en série, le diable, la mort... Que de chouettes réjouissances, donc. Il est clair que ce n'est absolument pas un album à mettre entre toutes les oreilles. Il faut une certaine initiation pour l'apprécier, et je ne dis pas ça en voulant être élitiste. C'est simplement un fait : si vous voulez faire découvrir le metal à un tiers venant d'un autre univers, ne passez pas directement à ce Reign In Blood, qui possède pas mal de clichés. Par contre, une fois que l'on a compris comment ce courant musical fonctionne, on réalise que ce disque en est une pierre angulaire, et on remercie Slayer pour son apport en la musique.