Après le monumental Mutter, les 6 allemands de Rammstein étaient attendus. Allaient ils revenir vers une musique plus industrielle comme on a pu les connaitre avec leurs deux premiers albums ou continueraient ils à s'orienter dans un style plus classique, un métal plus habituel avec une touche d'heavy ? Et bien ils sembleraient que les allemands aient fait leur choix et aient décider de maintenir ce nouvel axe sonore du groupe. Maintenant on était en droit de se demander comment ils allaient relever le challenge. Certes il n'apparaissait pas possible d'encore plus surprendre que pour Mutter, alors quel album le groupe de métal offrirait il à ses fans ?
Et là, ô douce surprise, nous découvrons avec joie un album encore supérieur, probablement le meilleur album du groupe. En effet, en ayant gagné en maturité depuis leur dernier album et ayant découvert de nouvelle sonorité via Mutter, les 6 musiciens offrent ici un concept album autour du voyage qui dégage une rare puissance ou absolument tous les morceaux sont des tubes, pas un n'est mis de côté et chaque instant est un plaisir auditif rare.
La thématique est donc celle du voyage. Le groupe va donc naviguer dans différents univers notamment avec Moscou (Moskau) et les Etats-Unis (Amerika), reprenant dans le premier des sonorités proches du premier albums afin de donner un ton plus industriel tout en y ajoutant le côté rapide et "pop" de Mutter. Pour Amerika il y a clairement le côté gros titre à la limite de l'ultra-commercial. Amerika est d'ailleurs un des rare morceau du groupe à passer en radio. Notons également un petit titre en français (Amour) pour une chanson sur le merveilleux, et pourtant insaisissable, sentiment amoureux.
De l'autre coté, en plus du changement de langue, on a le droit à des voyages sonores. De part la présence de guitares sèches, Los est un véritable voyage dans une sorte de délire égo-trip. De la même façon, Dalai-Lama est la modulation d'un célèbre conte pour enfant qui se situe dans un avion ... Ha encore le voyage.
Ne parlons même pas du morceau éponyme, qui renvoie évidemment au fait de voyager et qui est assez étonnant de par sa lenteur par rapport au reste de l'album, légèrement plus rapide.
L'album traite bien évidemment d'autres thèmes tout en continuant à naviguer dans différentes variations de ce climat sonore. Ohne Dich est une balade sur l'amour (ou l'amitié ?) quelque peu conventionnelle cependant. Keine Lust est une belle critique de la vie de rock-star dont la composition s'éloigne du célèbre couplet/refrain avec un tier entier de la chanson réservé pour un pont des plus étrange. Mein Teil, chronique du meurtre perpétré par un cannibale permet de libérer le côté le plus violent, le plus malsain de Rammstein, jouissif !
Morgenstern est une ode grandiloquente à la beauté d'une femme laide, mais aimée par un poète. Or la muse n'est elle pas la plus belle des femmes de par sa capacité à inspirer ? A l'inverse Steim um Steim, morceau martial et métal de base (mais pourtant si bien fait) est une belle critique métaphorique du mariage.
La plume est toujours aussi belle, les mélodies se font encore plus charmeuses. Très certainement le plus beau travail du groupe, d'une puissance rare. Chaque morceau renvoie parfaitement à son thème et l'union entre les paroles et la musique est total.
Le plus bel ouvrage du groupe.
