La musique Pop (autrement dit tout ce qui est mainstream et majoritairement américain puisque le soft power fait bien son boulot) a énormément changé ces dernières années. Là où 20 ans en arrière il fallait en mettre plein la vue avec des harmonies à gogo et des sons de clavier qui sortent dans tous les sens des deux enceintes sur lesquelles on écoutait la musique, le tout avec des refrains accrocheurs, aujourd'hui tout ça est passé à la trappe.
L'approche est devenue plus minimaliste, plus subtile dans la production aussi. Quoi de mieux que le nouvel album de Beyoncé qui illustre complètement ce changement d'ambiance 6 ans après son album Lemonade ?
Avec Renaissance, la célèbre chanteuse nous pond un album teinté d'influences House et Disco avec la crème de la crème parmi les collaborateurs embauchés pour l'occasion (notamment Nile Rodgers ou encore Raphael Saadiq) et nous dévoile le premier acte d'une série de trois disques.
Ce qui fait l'originalité de Renaissance est aussi son plus grand défaut : c'est une longue boucle d'une heure sur laquelle on va ajouter ou enlever des éléments au fur et à mesure, mais le tempo varie assez peu. C'est ce qui vaut un concert de louanges sur internet parce que les "transitions sont incroyables" alors qu'il n'y a juste une ou deux transitions à tout casser dans le disque, le reste est pris dans un flux continu. C'est osé comme démarche et ça pourrait s'apparenter à du foutage de gueule en bonne et due forme, mais force est de constater que contre toute attente ça fonctionne assez bien. Beyoncé nous épargne ses tentatives de rap complètement ratées qui faisaient partie intégrante de l'album The Carters avec son mari et c'est tant mieux pour nos oreilles. Les titres reposent majoritairement sur une rythmique binaire avec une ligne de basse ou un riff programmé qui va nous hanter pendant quelques minutes avant de passer à autre chose et ça le fait.
Alors non c'est pas incroyable, c'est pas de la musique méga expérimentale ou je ne sais quoi ultra recherchée comme certaines personnes qui n'écoutent que 4 albums par an semblent le penser, on parle d'un disque instantanément numéro 1 sur le seul nom de son interprète. Elle aurait parlé pendant une heure en récitant une liste de courses le résultat aurait été le même. Le marché est fichu comme ça. Mais ce disque à contrepied du registre dans lequel on attendait Beyoncé reste fondamentalement une bonne idée.