C'est à la faveur d'un bac à adoption nonchalamment déposé par le programmateur dans la salle de réunion de Radio Campus que j'ai découvert ce disque. Là, entre le premier Déportivo et d'innombrables disques de Skunk dont personne ne voulait, le premier album d'Islands avait échappé aux quelques pilleurs qui s'étaient déjà aventurés là-dedans. Islands, je connaissais le nom mais je ne savais pas grand-chose de plus. C'était l'occasion d'une petite séance de rattrapage.
Et en plus, il y avait un dossier de presse avec, même pas besoin d'aller trainer sur le net pour glaner les traditionnelles informations récurrentes. Donc apparemment Islands c'est surtout Nick Diamonds et Jaime Tambeur, « two rag-tag youths from the weird side of the side in Montreal ». Okay c'est cool. Et ils ont plein de copains pour venir jouer sur le disque ou partir en tournée : Regine Chassagne (Arcade Fire), Busdriver, Subtitle, plein de noms qui m'échappent à moitié, le petit fils de Woody Guthrie, un bassiste togolais et deux frères multi-instrumentistes asiatiques, champions du monde de Super NES en 93 et 94. Ils explorent donc une musique que l'on trouve le plus souvent sous l'étiquette « other », dans ce qui semble être un hommage au son intemporel de la grande pop music. C'est vraiment pratique ce petit bout de papier. Par contre, ça fait un peu fan-boy de bas étage, je vais donc arrêter de traduire à l'arrache.
Ce qui est bien avec ce disque, c'est qu'il m'a rappelé qu'il y a quelques années, Montreal était la très éphémère capitale de l'indé, bien avant la déferlante des groupes de Brooklyn. Sorti en 2006, mais déjà empreint d'une nostalgie toute neuve rappelant les moments où l'on était sûr que le split de Godspeed You ! Black Emperor ça durerait pas bien longtemps, celui où on voulait aller voir Arcade Fire en concert parce qu'il parait que c'était vachement bien ou trainer au Constellation avec cet américain en fauteuil roulant un peu dépressif qui va enregistrer avec Silver Mt. Zion. Une pop que l'on pourrait qualifier de Montréalaise ou tout simplement d'indé, aussi à l'aise à quinze qu'à deux sur scène, épique mais intimiste, exubérante mais touchante, avec des violons, des flûtes, des chœurs et des morceaux trop longs pour passer à la radio.
Et le disque ? Bah le disque il est très bien mais il arrive un peu tard. Au milieu de ces mini-fanfares de summer camp pour imbéciles heureux, on retiendra Rough Gem, petite pastille pop illuminée et niaise ; Jogging Gorgeous Summer pour la joyeuse cacophonie et surtout Humans, l'hymne intemporel scandé haut et fort au milieu des cuivres. Happy Together.