Surprenante et déroutante production de la part d'un artiste électronique clé de l'époque, dont l'évolution est suivie de très près depuis qu'il a globalement inventé son genre, et qui n'est par miracle encore pas sorti d'une dynamique fascinante depuis deux ans même s'il se cantonne au format EP. Bien que d'un côté Rival Dealer laisse planer quelques doutes quant au futur de Burial, c'est à mon avis encore une extension réussie de son oeuvre : la musique de Burial n'a jamais été aussi accessible, chaleureuse et extravertie.
Rival Dealer est son morceau qui se rapprocherait le plus d'un film d'action (une course poursuite urbaine) avec sa dynamique effrénée, son superbe sample-riff exaltant, et des samples vocaux « normaux » pour du Burial qui sonnent comme des interventions de personnages. Climax bruitiste et détente sur un bruissement – le bruit d'un pistolet silencieux ? Comme souvent la section finale est plus calme et intimiste, ici elle pourrait être le final romantique tendre et contemplatif sur une colline dominant les lumières de la ville. Pas parfaite mais efficace et marquante, elle se fait quand même une place parmi les morceaux majeurs du bonhomme.
La suite a un côté niais dans les synthés, sirupeux dans les mélodies et ringard dans les percussions qui va diviser même si pour le coup je trouve ça plutôt drôle ou magique dans cette forme là. Je trouve Hiders sympa mais un peu bancale, alors que la dernière piste est encore une fois (depuis Stolen Dog) ma préférée de l'EP. C'est comme si d'un coup Burial faisait resurgir et immortalisait les souvenirs d'enfance enfouis au plus profond de lui ; la musique intérieure associée aux Noëls en appartement au début des années 90 avec son frère, où il y avait autant de magie dans les téléfilms et les cassettes audio de RnB cheesy que dans les cadeaux bon marché au pied du sapin. Synthés festifs flottants, boucle de sitar rayonnante, voix retouchées langoureusement mélancoliques puis résolution optimiste... Humainement imparfaite et belle, et (peu importent les allusions transsexuelles) peut-être sa plus personnelle – on ne fait pas des chansons comme ça pour prouver quelque chose à un public !