Non, je connais pas trop Burial. Mais ce qu'il a fait avant me paraissait très froid, très distant, en fin de compte plutôt impersonnel. Beau, mais impersonnel. Certains diront le contraire. Rival Dealer, pour moi, révèle un second profil de Burial : tendre, féminin et céleste. Comme un ying auquel manquait un yang, Rival Dealer accepte l'idée d'un équilibre avec soi en acceptant ses deux versants. Ses deux versants qui ne sont en fait que les deux sexes d'une même personne. Qu'il soit ou non trans ou bi, peu importe. Ce qui compte, c'est le rendu musical. Le morceau titre démarre sur un tempo très lacéré. Puis il se fait petit à petit envahir par des voix de femmes, des harmonies plus douces... Et tout l'EP est tendu entre ces deux forces. Entre, ce sont des bruits, des échardes de voix, des oscillations incertaines entre la paranoïa et la fuite, le rendu musicale qui ronge le corps d'une personne mal dans sa peau.
"It's not about sexuality, it's about who you are".
Un album très organique, beaucoup moins cérébral que Kindred par exemple, qui repose l'éternelle question de l'âme et du corps : quel corps pour accueillir ma personne ?
PS : "rival dealer", le titre, je l'interprète comme cet autre sexe qui nous fait peur et qui est aussi notre seul salut.
Une interprétation un peu monochrome pour un album plein de couleurs, j'en suis confus et j'y replonge.
.........."confus", est-ce que ça vient de Confucius?
EDIT n°1 : il s'avère en fait de compte que, après une écoute attentive de la disco de Burial, Rival Dealer est le plus extravagant et le plus hors-piste de ses EP. Avant, l'émotion venait du côté minimaliste, sons de l'intérieur de la tête et du corps, qui se fraient un chemin vers l'extérieur et qui nous parviennent triturés. Dans Rival Dealer, c'est comme si le micro pénétrait l'intérieur du corps et qu'on écoutait en temps réel, sans filtre, ce qui se passe vraiment derrière nos couilles ou derrière nos ovaires. Je sais pas si je suis clair. Disons que l'EDIT n°2 viendra préciser ça en temps voulu. à bientôt.
EDIT n°2 : j'ai vraiment l'impression de plonger dans le corps de quelqu'un quand j'écoute "Come Down to Us". Ce n'est pas seulement suggéré par le titre du morceau, ça a à voir avec toute la progression, de la pluie du début, des temps de pauses entre chaque membre, comme si chaque couche de la personne était séparée de larmes silencieuses. J'ai l'impression d'être une goutte de pluie qui coule sur ses sentiments, ses blessures, son écorce, sa sève, et de pénétrer sa chair pour finalement faire un avec cette personne.
“I put my heart into the new EP, I hope someone likes it. I wanted the tunes to be anti-bullying tunes that could maybe help someone to believe in themselves, to not be afraid, and to not give up, and to know that someone out there cares and is looking out for them. So it's like an angel's spell to protect them against the unkind people, the dark times, and the self-doubts.” (Burial)