Avec Wildbirds & Peacedrums, 1 Ep + 1 Ep = 1 album. Une évidence arithmétique pour une formule musicale qui, elle, ne l’est pas : voix + percussions, il fallait oser ! Le duo suédois relève une nouvelle fois le défi avec ingéniosité et des idées lumineuses.
On avait découvert Mariam Wallentin et Andreas Werlin avec, Heartcore, en 2007, : un duo venu de Suède proposant une formule minimaliste, elle, à la voix, lui aux percussions. In fine, cette association un peu rude, déjà vue par exemple chez les Créatures (le projet bis de Siousxie et de Budgie son batteur de mari), donnait naissance à une musique à la fois tribale et sensuelle, comme du, Feist ayant fait un stage de retour à la nature dans une tribu de Hurons ou comme du, Lamb qui aurait mis son électronique définitivement chez Cash Converter. Wildbirds & Peacedrums ne dérogeait pas à la règle et restait fidèle à son dispositif musical ; si ce n'est sur un morceau,, The Battle in water,, qui voyait un piano poindre dans le monde primal du duo., Le groupe usait aussi d'une pédale basse d'orgue donnant plus d'ampleur et plus d'écho à la voix ; un procédé que Mariam utilise encore aujourd'hui.
Deuxième album de, Wildbirds & Peacedrums,, Rivers regroupe en fait deux Eps sortis à quelques mois d'intervalle : Retina et Iris. Tous deux ont été enregistrés durant la même période au mois de janvier 2010 durant le rigoureux hiver islandais. Et chacun à sa manière étoffe l'univers des Suédois sans dénaturer l'essence de leur musique. Mieux, chacun de ces mini albums exprime deux manières trouvées par le duo pour, sortir du cadre exigu dans lequel ils ont décidé de circonscrire eux-mêmes leur musique.
Pour, Retina, soient les cinq premiers morceaux de, Rivers,, le duo fait appel au choeur de chambre de la Schola Cantorum de Reykjavik. Cet appui vocal de poids et de choix, soutenant le joli organe de Mariam, tire la musique de, Wildbirds & Peacedrums du côté du mystique mais avec tempérance, : pas d'excès à la, Dead Can Dance, pas de grandiloquence, pas de boursouflures mais une harmonisation des voix, qui élèvent joliment le débat., Derrière, les percussions d'Andreas restent le plus souvent présentes faisant de Bleed like there was no other flood un drôle de morceau dansant. Sur le plus saccadé, Fight for me, Wildbirds & Peacedrums se rapproche, Bjork dans un sentiment ambivalent de douceur et de vigueur primitive. Andreas peut aussi faire taire tambour, tambourin, tom ou tout autre instrument de son attirail percussif pour laisser tout l'espace sonore aux seules voix, alors en plein recueillement (Under land and over sea).
Dans la deuxième partie de Rivers, soient les cinq titres issus d'Iris, Wildbirds & Peacedrums redevient un vrai duo et fait, du, steel-drum, sa percussion fétiche : le son métallique et chantant de l'instrument joue le rôle ici de claviers. La voix de Mariam, toujours superbe et sans esbroufe, trouve un allié mélodique inespéré et pour le moins original. Cela donne aussi une touche caraîbe que l'on n'attendait pas forcément d'un artiste scandinave (The Drop). Les mélodies sont plus belles que jamais (du niveau d'une Kate Bush par exemple) et ne sont pas étouffées par l'orchestration. On respire et c'est inestimable. l'album se clôt sur The Well, moment de grâce et d'intensité rare qui vous donnerait presque envie d'ouvrir la fenêtre et de chanter haut et fort.
Avec Rivers, Wildbirds & Peacedrums poursuit, donc son chemin avec originalité, inventivité, radicalité, tout en restant parfaitement accessible. Ils sont forts ces Suédois !