Attention Mesdames et Messieurs, dans un instant vous serez pris dans le tourbillon lysergique des 70s avec Rob Jo Star Band (nom hommage à David Robert Jones alias David Bowie), un groupe underground français. Oui, oui et de Montpellier plus exactement. On est au débuts des années 70, tout commence à Perols quand un bassiste, Michel-Robert Sahuc aka Mick, et un guitariste, Robert Castello aka Chris, deviennent potos et décident de partager une passion : le Rock. Quelques rencontres plus tard et un ou deux groupes intermédiaires, en 1973 le Rob Jo Star Band est presque au complet avec Mick, Chris, Penney (Alain Poblador) musicien d’Avignon et Cedric (Roger Vidal) batteur de Perpignan. Les jeunes commencent ainsi à écrire leur propres morceaux, en anglais, avant la rencontre finale : Serge Soler aka Bryan, un ingé son passionné d’électro qui leur apporte son « Waves Generators », une invention de son fait (genre de générateur de bruits directement branché sur la table de mixage).



Notre choix se porta vers l’anglais en utilisant parfois des jeux de mots franglais et sans chercher à cacher notre ascendance française, ni cacher l’accent méridional ou exclure totalement le français. (Mick)



Avec des influences de l’époque (Velvet, Stooges, Bowie, Can…) le groupe concocte une potion psychédélique aux relents acides, spacy et noisy où le fuzz rencontre des sons électroniques et distordus pour nous offrir un OVNI musical chargé en substances pas très licites. Le groupe, qui se contentait de jouer sur des scènes locales, décida de laisser une trace en enregistrant un album en 1974. En studio et en mode lo-fi, le Rob Jo Star Band pond l’opus du même nom, le premier et le dernier, pressé à 1500 exemplaires. Dès l’intro de l’album : I Call on One’s Muse, le là est donné, on sait qu’on va entrer dans un monde foufou. Et ça continue sur les titres suivants avec un frenglich presque incompréhensible qui illustre la personnalité déjantée du groupe. Ecoutez Not the Crazy Man sans être complètement hypnotisés et perdus dans le charabia de Penny. La drogue c’est bien, semble proclamer ces weirdoes avec leur Acid Revolution venu d’ailleurs. Que ce soit avec les montées en puissance de Black Sun, le rythme prenant de Loving Machine ou les rayons lasers de Blood Flower qui enchaîne avec le trippant Stone Away, votre serviteuse est high et conquise. Malgré les réactions un peu déçues du groupe et de leur entourage à l’écoute du LP, qu’ils trouvaient déséquilibré, les Rob Jo’s continuent de faire de la scène encore quelques mois avant la fin du groupe, initiée par le départ de Chris pour le service militaire. Ils ne toucheront rien sur les ventes à cause d’absence de contrat signé, et l’album sera réédité en 1975 sans qu’ils n’en soient informés (mais apparemment ils s'en foutent). Il faut d’ailleurs remercier au passage Born Bad Records qui a réédité l’album en 2013 avec en bonus deux titres inédits et en français : "Le Démon du rythme" et "La Cigale", venue d’une démo enregistrée plus tard.



Il faut préciser que dans les seventies, il n’existait pas, en France, de salles spécialement aménagées pour jouer du Rock et ses expressions progressives ou expérimentales multiples. A l’époque, chez les groupes marginaux ou undergrounds, on appelait la tournée « la Galère ». (Mick)



Rob Jo Star Band réussit en un seul opus à sortir son aiguille de la boite de foin assez dense des groupes fugaces des 70s. Passé inaperçu pendant longtemps, avec ce melting-pot où des inspirations multiples (psych, garage, électronique, prog, krautrock…) s’accouplent dans une orgie géante pour donner naissance à un album improbable, le groupe français gagne ses galons de culte dans le monde de l’underground internationale.


Je vous invite donc, Mesdames et Messieurs les amateurs, à faire un petit tour dans le passé psychédélique hexagonale.

Lilange
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le 19 sept. 2020

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