1.68.12.79.829.805.07 rencontre 2.69.05.99.131.167.14.
Ils sont construits pareils, mais ils n’arrivent pas à communier, à communiquer.
C’est le drame de l’être humain qui se joue devant nous.


Ce triste individu qui ne peut rire et pleurer que par rapport à lui-même, sa seule et misérable référence. Inexorable solitude contre laquelle chacun lutte vainement toute une vie. Quitte à endosser un ridicule uniforme (sous pull rose et slip blanc, par exemple…) pour essayer de se frayer une place dans ce qu’on appelle la société.
« Tout va bien » hurle-t-on pour s’en convaincre. Mais c’est « Borderline » qu’on est, en fait. Et cette détresse s’étale magistralement au fil de 14 étapes éclec-troniques qui font clin d’œil au « Human after all » des Daft Punk.


Obsédé par les chiffres et par tous leurs effrayants dérivés (dates, horaires, matricules, numéros de sécu…) dont il truffe nombre de ses chansons, Philippe Katerine, plus subversif que jamais, nous balance à la face une œuvre qui, si elle ne s’impose pas d’emblée, finit par pénétrer insidieusement et durablement nos esprits troublés et inquiets.
Oscillant entre hyper réalisme et surréalisme, « Robots après tout » est une création totalement inattendue, débridée et déstabilisante qui vient nous frapper dans notre intimité.


Plutôt artiste au sens Large que musicien au sens Small, Philippe Katerine n’hésite pas à fracasser son image de « surdoué de la chanson française » pour laisser éclater violemment cette folie mélancolique inéluctable, névrose universelle qui sourdait déjà de ses précédents opus mais qui atteint ici sa définition quasi-médicale. Fatigue, stress, désillusion, paranoïa, ridicule assumé, mort, isolement, artifices : ce sont tous les symptômes d’une déprime multifacettes (y compris comique) qui scintillent ici devant nos yeux écarquillés.


Sur des musiques synthétiques d’un autre temps (Gonzales et Renaud Létang à la réalisation) Katerine nous replonge dans l’univers des discothèques de campagne des années 80 (remember Patrick Hernandez, Plastic Bertrand, Les Motors, Patrick Juvet…) : disco-house mâtinée de chœurs (« Louxor j’adore », « 100% VIP »…tubes très dansants et très marrants…, mais aussi « Après moi », cinglant et hilarant comme du Gotainer), claviers éthérés (très poétique « 78-2008 » et chopinesque « Numéros ») ou fascinantes errances pianistiques déstructurées (« Titanic », « 11 septembre »). « Patati Patata », lui, touche au Prévert. Quant à « Excuse-moi », c’est quelque chose de tellement incroyable sur le plan des paroles et de la musique que…Indescriptible, quoi ! Dommage que la dernière édition de l’impayable « 20.04.2005 » ait vu (sous la pression ?) ses paroles modifiées (remplacez Jeanne la Pucelle par Marine Le Pen et vous l’aurez comme enregistré au départ…).


Il est déroutant et fascinant, décalé et attachant, complexe et culotté, provocateur et poétique.
Il s’appelle 1.68.12.79.829.805.07.
Et vous ?
Vous-vous appelez comment ?

RolandCaduf
9
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le 20 avr. 2021

Critique lue 235 fois

RolandCaduf

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