Des couilles en or massif

Excusez la vulgarité, mais je vois pas d'autres termes tellement cet album est audacieux. Pour moi, plus que "je t'aime moi non plus", plus qu' "aux armes etc.", c'est cet album entier sa plus grande provoc ! Ce n'est pas la plus réussie, mais c'est un exercice d'exorcisme vraiment fascinant. Qui d'autre que lui aurait osé ? Déjà qu'en abordant le sujet de ce front-là en mode chanson française, cela aurait gêné plus d'un, mais il pousse le bouchon encore plus avec du vieux rock bien américain. Cela explique son aspect très confidentiel, malgré qu'il soit sorti pendant son âge d'or artistique (années 70).
Il faut d'abord avouer quelque chose: on entend peu Gainsbourg. Il accorde trop d'attention aux choristes. J'aurais aimé l'entendre davantage. Parce que lorsqu'il parle, je suis instantanément sous le charme. Que ce soit pour me faire triper avec la nuit des Longs Couteaux, que ce soit pour se marrer avec Tata Teutonne... Il garde toujours le même charme. "J'entends des voix-off" est beaucoup trop inaccessible. J'y ai toujours rien compris. Le diptyque sur Eva, la femme d'Hitler, vaut le détour. La reprise de la chanson préférée de cette dernière nous montre que Gainsbourg pouvait tout à fait chanter des chansons en anglais (et pourtant, il ne l'a jamais refait, malgré que ses titres seront en anglais...). "Zig-Zig avec toi" (musique géniale) et "Est-ce est-ce si bon ?" (paroles géniales) sont des régals. Mais il s'ensuit deux creux: "Yellow Star", intéressant mais un gout de bâclé (le "oh yeah !" final particulièrement pathétique) et "rock around the bunker", qui lui est vraiment sans intérêt. L'album se termine magnifiquement bien, avec le super "SS in Uruguay". Le foutage de gueule ultime. Et la plus belle preuve discographique de l'humour ravageur que possédait Gainsbourg.
Il n'est clairement pas à la portée de tous. Mais c'est un album qui a vraiment toute mon affection. Parce que, comme je le dis si salement dans mon titre: pour l'avoir fait, faut avoir de vraies couilles en or massif.