Formé en 1975 par le guitariste Mark Reale et le batteur Peter Bitelli, Riot enregistre quatre démos avant de décrocher un contrat avec plusieurs labels à travers le monde. Après des changements de line-up, le groupe entre en studio pour enregistrer ce premier album de qualité, qui mêle hard rock fortement teinté par les années 1970 et titres plus metal qui annoncent les futures orientations du quintet. Marquées par des riffs soignés signés Reale et par la voix claire et puissante de Guy Speranza, les compositions de Riot se démarquent de la masse de groupes de l’époque. Sous une pochette qui, chose étonnante, met en scène un humanoïde à tête de bébé phoque, Rock City propose trente-trois minutes d’une musique mélodique, technique et diablement efficace.
En débutant par le hard rock sautillant « Desperation », gorgé de boogie et de blues, cet opus trompe un peu son monde. En effet, coincé quelque part entre ZZ Top et Frank Marino, ce titre, même s’il est de qualité, ne représente pas vraiment la musique de Riot, même si on retrouve en partie ces influences sur « Angel », un douze mesures rapide qui emporte tout sur son passage. On sent que le groupe se cherche encore, en témoigne le hard rock proche d’April Wine qu’est « This Is What I Get ». Léger, absolument pas en adéquation avec le reste de l’album, ce titre est fortement ancré dans la musique de cette époque et sonne un peu daté de nos jours. Dans une optique un peu similaire, le beau « Tokyo Rose » évoque également le groupe canadien, en privilégiant les harmonies vocales à la puissance. Basé sur des changements de rythmes, ce morceau est un excellent témoignage des débuts de Riot.
Car le reste de l’album lorgne plutôt du côté du metal, même si on trouve encore des touches de hard rock sur le rapide et mélodique « Warrior », devenu un classique du groupe qui le joue toujours. Plus puissant encore est « Heart Of Fire », sur lequel Mark Reale montre qu’il est capable de faire sonner sa guitare de manière agressive, même dans les solos. Avec « Rock City », Riot allie un refrain facilement mémorable à des riffs distordus qui mènent à un superbe solo de guitare. Les parties metal sont de toute beauté, même si les distorsions sonnent encore très hard rock. Il n’en va pas de même sur « Overdrive », un titre lourd, dont les changements de rythmes permettent de relancer la machine, tandis que Guy Speranza nous tient à la gorge. Un superbe morceau, bien écrit et qui en annonce d’autres plus puissants à l’avenir.
En neuf titres, Riot nous offre une belle première carte de visite à mi-chemin entre le hard rock et le metal, mais dont la marque de fabrique est déjà la mélodie. Deux 45 tours en seront extraits au Japon, un pays qui accueillera le groupe à bras ouverts.