Rock 'N Roll Highway (to Hell)
Je mets six, juste pour la légende. Loin d'être transcendant, cet album ne vaut, pour moi, pas plus de cinq. Tout y passe. Des morceaux où l'on répète dix mille fois "rock" pour montrer qu'on est des rockers, aux accords de quintes ouverts qui sonnent comme dans l'ancien temps, celui où les gars d'AC/DC devaient encore cravacher pour maintenir cette réputation de trublions du rock et emmerdeurs de l'Église. Certes, on n'attend pas de l'innovation de la part d'AC/DC. Mais quand même.
Mais ce temps où ils devaient maintenir leur radeau à flots est révolu, AC/DC est devenu un compresseur à dollars (comme Metallica, Mötorhead, Maiden ou U2), sa légende est faite, leur nom est gravé dans la pierre (ou rock, en anglais, comme quoi on y revient), Angus Young aura sa statue en Australie et tout le monde chantera Highway to Hell quand l'un des membres mourra (je sais que ça peut paraître un peu osé de ma part vu l'état de santé de Malcolm, mais la vérité c'est ça, et je serai le premier à être profondément triste). Loin de moi l'idée de penser que le groupe a perdu son âme, cet album nous prouve, au contraire, qu'elle s'est renforcée après des années 90-2000 compliquée en termes de gestion d'image et de qualité sonore.
Cet album se contente d'ajouter une nouvelle marche à la légende, sans rien apporter de novateur (mais qui voudrait de l'innovation quand on parle d'AC/DC ?). On retrouve les mêmes schémas qui ont fait le succès de groupe. On a souvent reproché à Metallica d'être trop audacieux et de changer de style à chaque album, je pense qu'on peut retourner cet argument et dire qu'AC/DC est un groupe qui, comme Slayer, par exemple, se repose sur ses acquis et dont chaque album est l'occasion pour la fanbase la plus hardcore et la plus old school, de dire que "le groupe fait un travail magnifique a chaque fois sans vendre son cul au marché de la musique et de ce qui marche". Alors que c'est juste un n-ième album dans un style conventionnel que le groupe s'est attaché à conserver pendant des décennies (ce qui est aussi valable, attention, qu'un groupe qui cherche à se renouveler). Beaucoup de gens trouvent que Black Ice était un mauvais album. Pour moi, ça aurait dû être le dernier d'une longue série mythique. L'album qui aurait permis au groupe de sortir par la grande porte, avant que sa formation ne s'étiole, notamment à cause de la maladie de Malcolm et les ennuis judiciaires de Phil Rudd
Loin de moi l'idée de voir le groupe s'éteindre (j'ai quand même passé mon adolescence avec des posters du groupe sur les murs de ma piaule, on gueulait "Highway to Hell" sur l'autoroute avec mon père -et on le fait encore-, et surtout, les morceaux du groupe sont les premiers que j'ai joué à la guitare), je pense qu'il serait temps, eh bien, de penser tout doucement à prendre une retraite confortable pour les australiens et de commencer à boire de la binouze tranquillou sur un zinc en préparant l'anniversaire spécial de tel ou tel album et de donner une série de concerts mythiques qui resteront dans les rétines de ceux qui y ont assisté.
J'aime AC/DC. Vraiment. D'une sincérité sans failles. Mais je pense qu'à un moment, quand le bateau prend l'eau, il faut savoir se retirer avec dignité et grandeur. Bien que cet album ne soit pas le plus faramineux et le plus représentatif de ce que fut le groupe, je pense que c'est le moment pour lui de faire un pas de côté et de laisser la lumière à d'autres.