Quand Rory Gallagher se lance en solo en 1971, il traine déjà ses guêtres depuis 8 ans. Il a alors 23 ans.
La couleur de sa musique sera le Bleu.
Pourtant dès le 1er opus, il montre une ouverture culturelle typique des 70's :
- Just the smile est une ballade résonnant aux sonorités proches de la sitar indienne ;
- alors que It's you nous embarque en direction de l'Irlande, terre natale du musicien ;
- I fall apart démontre son talent de soliste qui n'est pas sans rappeler Jimmy Page (Led Zeppelin),
- Sinner boy est un titre Country Blues qui semble émerger directement des pleines inondées du Delta du Mississippi. Les 2 derniers titres sont d'ailleurs des reprises de standards du genre (Muddy Waters et Otis Rush)
- plus surprenant, Rory s'essaie au saxophone (*Can't Believe it's true). Le seul album à ma connaissance où c'est le cas.
Mais c'est surtout son ton si particulier qu'il instaure dès ce 1er opus :
- sa voix de ténor, légèrement étouffée et éraillée (elle s'épaissira au fil des ans) ;
- des rythmiques blues électrisées parfois dansantes (Hands up), parfois larmoyantes façon bayou (Sinner boy),
- le piano qui l'accompagnera jusqu'à la fin des années 70 où il prendra un virage plus "hard rock". Bizarrement, les "claviers ne sont alors qu'invités", Rory préférant se baser sur un power trio classique (guitare, basse, batterie).
Bref un album plein et réussi même si aucun titre ne laisse un souvenir impérissable.