Saison 5 est un peu l'anti-Revoir un printemps, l'album prédédent d'Iam très écrit, très produit, calculé au micro-beat près, très attendu, et au final trébuchant sous la tâche de succéder au monument "Ecole du micro d'argent".
Saison 5 est donc un album à l'enrobage random, presque sans âme. A la découverte de l'univers visuel du disque, au booklet, à ces photos - jusqu'à la version "limitée" en carton mâché du plus moche effet - on a un sentiment de sabordage, on s'attend à une compilation sans liant.
Au final ce 5e opus est parfaitement dans l'air du temps, et complètement décomplexé vis-à-vis de ses messages et de son statut. C'est un album de darons, un peu nostalgiques mais les pieds bien ancrés dans leurs baskets, au rap engagé, plus hip-hop spirit que jamais, aux flows on ne peut plus mature...
Et la tracklist est excellente. Street-rap aux influences souls et New-Yorkaises hyper efficace (WW, HH Ville, le formidable "Tu le sais" protéiforme, Offishall, Ca vient de la rue), brûlots qui ne prennent pas de pincettes (rap de droite, Si tu m'aimais, rien de personnel, au quartier), coup dans le rétro bien vu (nos heures de gloire, le style de l'homme libre), égo-trip taillé pour le live (sur les remparts). Seuls "Coupe le cake" (tentative de "Attentat3" un peu foireux) et United (avec un son d'Akos pas vraiment inoubliable) se zappent sans scrupules.
Un album qui vieillit remarquablement bien, très équilibré, incroyablement sous-estimé.