L' album se distingue, déjà, par un vocabulaire poétique sidérant. Il est incroyablement varié, cherchant toujours le mot rare mais totalement adéquat, comme il est de rigueur chez les poètes dignes de ce nom. Les textes de Thiéfaine (qui a un prénom pas du tout adapté à sa personnalité, du coup j'ai du mal à m'en souvenir) sont tous des pépites sur ce disque. Qu'il parle de mal-être ("confessions d'un never been", "le jeu de la folie" avec sa musique pourtant enjouée), de filles ("Last Exit to Paradise" -la meilleure chanson de l'album ! Son totalement nouveau, rythme d'acier, paroles tranchantes, c'est génialissime !-, "les jardins sauvages" et son érotisme à fleur de peau, "Gynécées"), d’engagement ("Télégramme 2003", pleine de chaleur humaine), ou même d' Alzheimer (l'intimité de "L'étranger dans la glace"), il exprime toujours aussi bien ses sujets, ses fêlures et ses passions sauvages. "When Maurice Metts Alice" est le plus bel hommage que j'ai entendu, pour l'instant, à propos d'amour pour ses propres parents: Elle était belle comme un Enfer / Avec ses yeux bleus d'insomnie / Il était fort comme l'est un père / quand on le regarde étant petit. ... Certes, je n'ai pas du tout accroché à "la nuit de la samain" et "that angry man on the pier", bien que n'étant pas une mauvaise chanson, n'est en tout cas pas une belle fin d'album. Mais l'ambiance, toujours renouvelée, toujours magnifique, qui s'étale pendant une heure vaut vraiment son pesant d'or. Une vraie bouffée de poésie !