Scary Monsters arrive en 1980, après le faiblard Lodger (1979) et avant les gros sabots funky de Let's Dance (1983). C'est à mon avis le dernier grand disque de Bowie, celui où souffle une inspiration digne de ses chefs d’œuvre antérieurs (Hunky Dory, Ziggy, Aladdin Sane, Station to Station...).
Avec un son très singulier, ample et âpre, porté par la production de Tony Visconti où prédominent des guitares puissantes et stridentes (Robert Fripp participe à certains titres), contrairement à sa trilogie berlinoise (Low, Heroes, Lodger) où les synthétiseurs tenaient une grande place, Scary Monsters explore une veine rock sombre et grave.
Des titres tels que It's no game, avec ses deux versions, splendides, Scream like a Baby, Ashes to Ashes, et surtout Teenage Wildlife, très grande chanson de Bowie, d'une grande richesse mélodique et dans laquelle sa performance vocale est exceptionnelle, suffisent à placer cet album au sommet.
Bowie s'émancipe dans ce disque des expérimentations un peu arides et désincarnées de Low et Heroes, et parvient à trouver un équilibre entre innovation artistique, lyrisme et expressivité musicale.