[...] Mais, mais, mais... Vos yeux s'humidifient, bande de nostalgiques ? Gardez vos larmes au chaud pour le moment et attendez la fin de cette présente chronique pour les laisser couler ou non. Mettons-nous également dans le contexte : Scornful Of Icons a été enfanté dans la douleur par un homme ayant essuyé un coup dur tragique – Pierrick Valence ayant perdu son père peu de temps avant – il paraît par conséquent logique que l'on soit loin de retrouver la légèreté guillerette des partouzes nécrophiles. Il paraîtrait également logique de durcir le ton et s'enfermer dans une spirale de brutalité. Mais ce serait mal connaître l'inventivité artistique de son géniteur. Scornful Of Icons n'a rien de colérique, rien de haineux, ni même de dépressif. C'est un voyage spirituel, au travers d'un tribalisme païen. Car ce nouveau Phazm n'a peut-être plus rien de « 'n roll » mais s'enrichit en contrepartie d'une nouvelle facette, plus pagan.
Il n'y a pas à attendre longtemps pour s'en apercevoir car « Ginnungagap » donne tout de suite le ton en ce sens. On pensera tour à tour à l'influence Gojira période The Link et au côté plus ritualiste de la musique de Triptykon (qui aurait bouffé, pour le coup, un bon assortiment d'amphèt' et de prozac). Le tout apposé sur un fond death plutôt technique mâtiné de la froideur du black metal. Et tout le long de l'album suit en ce sens : défricher les vieilles croyances animistes en musique dans le but de développer sa propre spiritualité. C'est ce que s'est peut-être dit Pierrick Valence dans l'élaboration de cet album qui se révèle très personnel sans non plus être autiste. Il invite plus à autre chose qu'à le suivre, à retrouver ces racines spirituelles primaires et ainsi y trouver une certaine forme de paix et de quiétude intérieure. Au lieu de sombrer dans la haine et la dépression face à l'adversité et les coups de pute de la vie.
Musicalement parlant, on peut dire que Phazm perd en originalité, le pagan n'étant pas rare dans les terres du metal extrême, tout particulièrement dans le black. Et pourtant, il arrive quand même à tirer son épingle du jeu et à conserver une certaine singularité, les rares relents du death'n roll du passé apportant une certaine dynamique bienvenue à l'ensemble (« The Godless Pope » étant l'un des exemples les plus parlants), sans compter sur les talents de composition de Pierrick Valence qui a livré là un véritable travail d'orfèvre. Ce dernier a en effet poussé le bouchon dans le recherche de sonorités, allant même jusqu'à l'emploi de la Nyckelharpa, un instrument traditionnel suédois, et d'un chant féminin éthéré sur l'éponyme « Scornful Of Icons », entre paganisme scandinave, cérémonies druidiques ou encore airs mongols intégrés dans un ensemble solide et homogène où aucune place n'est laissée aux gimmicks grossiers, kitsch et superficiels. Le tout de manière précise et perfectionniste. Ou comment proposer du novateur dans des sphères écumées et retournées depuis des lustres. Chapeau bas !
La critique entière figure sur Core And Co, n'hésitez pas à aller y faire un tour !