La saison des amours

Le metal n’est pas pris au sérieux.

C’est bien compréhensible lorsque l’on s’autorise un rapide tour d’horizon.
Une bande de guignols maquillés.
Des hommes habillés en femmes.
Des femmes habillées en hommes.
Un truc intermédiaire.
Des compositions simplistes.
Des chanteurs qui hurlent pour dissimuler leur absence de talent.
Des montées et descentes de gammes érigées en art absolu.
Une violence feinte, mal assumée et enfouie sous un second degré bienvenu.
Une bande de sexagénaires agonisants sur scène.
Quelques adolescents pré pubères en pleine crise identitaire.

Pas de quoi affoler le palpitant.

Pourtant. Sous ces tristes apparences, dans les abysses, vit et prospère le véritable troupeau metallique. Celui que le commun des mortels doit prendre au sérieux. Celui qui ne fait pas semblant.
Son chef de file, son berger, tu l’as devant toi.

Cet album, c’est l’aller simple pour les enfers.
La quintessence du thrash et plus généralement du metal.
Car quand Slayer hurle à qui veut l’entendre qu’il va t’étriper, il le pense.
Slayer a la haine. Contre le monde entier. Une haine universelle qu’il déverse sans distinction sur son prochain. A coup de riffs sanglants, de rythmiques pachydermiques, de hurlements sauvages, de breaks divins.
Slayer a cette sincérité qui fait tant défaut au metal, cette rage incontrôlable qui vient des noires profondeurs de l’âme humaine. Ce premier degré qui lui va si bien.

Alors tu souffres.
Mais bien vite, avoue, tu y prends goût.
Tu prends goût à cet instantané de vérité, à cette plongée dans le monde réel.
Tu aimes ces allumés qui crament la chandelle de leur existence par les deux bouts.
Tu tends l’autre joue.

Oui tu auras mal. Oui les premières écoutes ne seront pas de tout repos. Oui je parle de masochisme.
Mais tu comprendras pourquoi il faut prendre ces mecs au sérieux.
Peut-être même que tu comprendras le metal.