Entre autres défis inutiles que l'on peut s'amuser à relever, tenter d'aller au bout de"Blackmail blues" premier titre de"Secular works" d'Extra Life, en est véritablement un. A sa décharge le morceau avoisine les 9' mais la durée n'est pas la seule épreuve à endurer : imaginez un math rock hardcore en fond, avec dessus en forme de cerise avariée sur un gâteau mastoc, un violon et une voix orientalisante et vous comprendrez quel effort de haute lutte est nécessaire pour arriver au bout. Le trop est souvent l'enemi du bien et"Extra Life" tombe dans ce travers ou plutôt s'y plonge, s'y vautre, s'y complet. Derrière le groupe, nous trouvons Charlie Looker dont les hauts faits d'armes sont d'avoir travaillé avec Glenn Branca et John Zorn. On comprend les intentions bruitistes d'Extra Life, on déplore les tentatives d'y ajouter des frises ornementales"I don't see it that way" adopte des accents presque gothic dans un hardcore déstructuré limite paresseux. Là aussi, la voix de Looker prend un contre-point total : un chant médiéval anonné de manière mystique. On reste un peu à la porte et on s'y trouve un peu agacé.La suite voit un virement totale d'ambiance. I'll burn est aussi d'influence médiévale mais cette calme mélopée, après le brouhaha précédent, fait figure de refuge. La volonté d'Extra Life serait-elle de trouver tous les chemins possibles vers un trip musical ? Comme peut le prouver l'intermède suivant : The refrainapte à faire danser une tarentelle par un derviche tourneur. Mais le meilleur est à venir et ce que l'on croyait impossible en début de disque arrive : This time envoûte, trouble et fait converger toutes les forces mystiques dans un morceau calme et profond qui aurait plu au Velvet Underground. La fin, sans atteindre ce sommet reste dans cette veine et Secular life se termine sur un chant presque a cappella qui n'est pas évoquer une Lisa Gerrard au masculin"Secular works" est vraiment un album sans nul autre pareil mais Dieu qu'il a fallu lutter pour en tirer le meilleur. A bon entendeur !