Seventeen Seconds est froid, lugubre, mécanique, ses rythmes sont réguliers, ses mélodies minimalistes et transperçantes, la musique épouvante l'auditeur, l'emmène loin se perdre dans une foret nocturne. L'album marque la seconde naissance de la Cold Wave après la mort de Joy Division par la pendaison de Ian Curtis mais il marque aussi le début d'une trilogie glaciale des Cure qui ira jusqu'au terrible Pornography. Seventeen Seconds est selon moi le meilleur opus de cette trilogie. Plus froid, plus lent que les autres, l'album défile sur des sons qui sembleraient légers comme "Secrets" ou "M" car les basses distillent des mélodies entêtantes et sympathiques mais ils ne le sont pas. La musique est comme un bref cauchemar qui prend à la poitrine, comme un souffle faussement chaud en plein hiver anglais. Une flopée de bon titres qui sculptent une ambiance unique, l'enchaînement "The Final Sound/Forest" sonne comme un point de non-retour, effrayant et dissonant, comme si on avait enfin compris qu'on était perdu dans cette forêt. "Seventeen Seconds" morceau de fermeture, étrangement plus agréable mais toujours aussi détaché.
L'album s'écoute seul, en hiver, en marchand dans la nuit, en roulant, en sillonnant les forets, sans penser à rien, le regard dans le vide.