Chronique Queen n°11
1974 fut une année prolifique pour Queen avec d'abord Queen II puis ce Sheer Heart Attack...deux de mes albums chouchous. Et en plus, le groupe est en pleine ascension en enchaînant les concerts, seulement un an avant la sortie de leur album culte. Oui, cette année devait être bénie.
La production de cette Pure Crise Cardiaque a été quelque peu mouvementée avec un Brian May en pleine convalescence. Il viendra ajouter sa touche personnelle par-ci par-là quand il le pourra, et profitera même de son séjour à l'hôpital pour composer l'envoûtante et l'angoissante She Makes Me. Pendant ce temps, ce sont donc Freddie Mercury, Roger Taylor et John Deacon qui s'attellent à produire leur futur bébé.
Ce qu'il en ressort ? Une oeuvre très proche de son prédécesseur, quoiqu'un peu plus variée et émancipée d'une ligne directrice. Qualitativement, c'est simple, j'aime absolument toutes les chansons que je trouve inspirées, grandiloquentes et fabuleusement attachantes. Je ne peux pas vraiment être objective sur coup-là.
Brighton Rock envoie du très lourd niveau instrumental et Freddie Mercury s'amuse clairement à interpréter deux personnages de manière caricaturale. Killer Queen est un grand classique de la discographie de Queen, cependant très peu connu en France (la France ne découvrira véritablement le groupe qu'en 1977 avec News of the World): c'est kitsch, c'est pop, c'est extravaguant, c'est pompeux, c'est enivrant.Tenement Funster a l'inspiration très claire du rock des fin des années 60 mais que ce morceau est bon ! Flick of the Wrist est un Death on Two Legs avant l'heure, cruel et incisif (quand Freddie Mercury détestait quelqu'un, c'était du sérieux). Jouissif. Lily of the Valley est une délicate ballade comme Freddie a le talent pour en faire. Now I'm Here est du très bon hard rock. In The Lap Of The Gods est onirique et me fait planer à chaque écoute...les notes hautes de Roger Taylor sont extraordinaires. Stone Cold Crazy est du hard metal bien lourd comme on l'aime. Misfire vient apporter un peu d'humour et de second degré avec une mélodie ensoleillée. Bring Back That Leroy Brown est un pastiche de vaudeville qui apporte une fraîcheur bienvenue. She Makes Me (Stormtrooper in Stilettos), écrite par Brian May pendant son séjour à l'hôpital (on retrouve toute une ambiance sonore entendue sur son lit de convalescence), dégage une atmosphère vraiment particulière, à la fois angoissante et mystérieuse. In The Lap Of The Gods (revisited) a été imaginée pour être reprise facilement par le public lors de concerts...rien à redire, le morceau conclue bien l'opus.
L'album est donc un gros coup de cœur musical pour ma part. J'adore ce mélange des genres si rondement mené et l'esprit Queen d'affranchissement des codes et des limites, n'ayant pas peur de toucher au grandiloquent, au too much, au kitsch, au sublime. Ils sont extravagants, sans concession et font ce qu'ils veulent. Des maîtres.