La musique de Sotasei est (en tout cas était) essentiellement intimiste. Le brillant cerveau de la Charismastique Leader, Etsuko Yakushimaru délivrait sans cesse des compositions d'apparence modeste de petites comptines chantées avec un voix d'enfant timide, mais dont la subtilité, l'intelligence, et la complexité affleurent.
Tout l'art de Sotasei Riron tourne autour de la variation, de petits changements quasiment imperceptibles, d’utilisation de delay et de fuzz et d'ajout de nappes d'effets à des mélodies d'apparences simplistes, et de la voix d'Etsuko, fragile et tout le tant à la limite. La force du groupe est aussi de disposer d'une production aux petits oignons, d'une précision mathématique. Tous les instruments savent trouver leur place; l'auditeur attentif pourra à loisir analyser tour à tour le jeu d'une infinie subtilité du batteur, (Motoki Yamaguchi) l basse profonde de Masaru Yoshida ou le jeu à la guitare de Seiichi Nagai, qui aura su, selon moi, adapter le mieux le math rock à des compositions d'apparence pop. Car, formellement rien de complexe techniquement; l'essentiel des morceaux du répertoire est composé de 3 ou 4 riffs en arpège. Mais chacun avec une rythmique différente. Chacun est relativement simple, mais l’enchevêtrement est réalisé avec une propreté des plus satisfaisante.
Selon moi, l'acme de SR ne pouvait être atteinte que par l'intermédiaire d'un studio, le seul capable de donner avec précision aux idées de la génie féminine menant le groupe.
Je me trompait.
Sibareru Soutasei est grandiose. Les ingés sons ont abattu un travail considérable. Tout n'est pas parfait, mais l'art de Sotasei Riron est sublimé par quelque chose d'indéfinissable, que l'on pourrait apeller l'émotion. Par un processus mystérieux, les meilleures pièces produites par l'élite des musiciens de l'empire du Soleil Levant sont magnifié; I'm Humanity s'achève dans un bordel sonore, la voix d'Etsuko se transforme en murmure, et se brise à certains moments, le delay déchire le stade, et finalement mes larmes coulent.