"I followed you, Big River, when you called."
Avant tout, je tiens à m'excuser : ce que vous lirez là n'est pas vraiment une critique, c'est un moment d'allégresse que j'avais envie de partager.
Parce que j'aime cet album, oh oui ! Je l'aime démesurément, et je serais bien incapable de vous expliquer posément ses mérites et ses qualités. Je n'irai même pas dire que c'est un grand disque. C'est un disque simple. Excessivement simple. Dans sa genèse, d'abord : on prend les plus grands tubes de Cash de l'époque et on les réenregistre pour l'occasion (ce qui est, au passage, le seul point qui empêche l'album d'être classé comme une compilation). Dans ses compositions ensuite : on prend deux guitare, une basse, un chanteur, des chœurs façon gospel, et hop ! c'est plié. Et j'utilise le terme "composition" mais entendons-nous bien : ce n'est pas de la musique classique ou du jazz, non, c'est de la country tout ce qu'il y a de plus basique, avec des rythmes binaires et répétitifs - si ce n'est redondants. Rien de bien impressionnant, quoi.
Mais que voulez-vous, l'approche cartésienne, c'est pas trop mon truc. Et malgré le fait que les 12 morceaux qui constituent la présente œuvre sont loin, très loin d'être palpitantes à analyser, mon affection pour elles ne tarit pas pour autant. On savait que l'amour rend aveugle, rendrait-il également sourd ?
De toutes manière, j'ai une relation particulière avec la musique de Mr. Cash, il faut bien l'avouer. Une relation qui peut se résumer comme suit : je ne m'en lasse jamais. Sa carrière n'est pas pour ainsi dire un modèle de diversité, et pourtant j'ai englouti une quantité effarante de ses disques et j'y reviens encore. Et parmi eux, deux me sont particulièrement cher : il s'agit de ses deux premiers.
Une bonne humeur constante, un ton un rien gouailleur, le thème de l'amour ressassé en long en large en travers - et, mine de rien, de manière plutôt profonde - voilà, ça me suffit. Enfin, pas tout à fait. Il manque tout de même un ingrédient, ça pourra vous sembler un détail, pour moi ça ne l'est pas : ce que j'aime le plus, c'est bien son aspect vieillot, désuet, dépassé. "Sings the Songs..." est un album des années 50s jusqu'au bout des doigts, le mixage, les morceaux, la bonne vieille country à l'ancienne, le côté "on fourre plein de titres en vrac et on voit ce que ça donne", tout cela fleure bon l'époque révolue. C'est un album hors du temps, hors des modes, et par là même intemporel.
Alors peut-être qu'il pourra vous paraître niais, simpliste, poussiéreux. Il l'est sans doute un peu, mais je n'en ai cure. L'objectivité, ça va bien un temps.