Cet album, c'est tout le contraire de l'easy-listening : plus qu'un disque, il est une expérience sonore à lui tout seul. Courte pour ne pas taper sur le système mais tenace. Anciennement punk et toujours californien, Abe Vigoda - c'est un groupe - semble avoir abuser de substances illicites et nous fait plonger au coeur d'une oeuvre bouillonnante que ne renierait pas Animal Collective. Imaginez le tableau : une musique caraïbe jouée par des rockeurs devenus fous et cassant le moule en bon et due forme. Les rythmiques chaloupent toujours mais menacent à chaque instant de dégringoler.
Ce qui arrive souvent. La musique se dispute sans cesse au chaos et on ne sait jamais si les musiciens sont des virtuoses ou s'ils sont à côté de la plaque, se libérant de tout carcan dans un expansion suicidaire. Des moments plus sereins nous laissent espérer sortir de ce maelstrom sonore mais des virgules bruitistes et des moments de pure folie nous jettent à nouveau dans la cage aux fauves. Les Américains de Gris Gris avaient voulu proposer ce genre d'expérience psychédélisme, Abe Vigoda pousse encore plus loin son délire. Au final, le vrai punk est bel et bien là.